
Sandro Botticelli (~1445-1510)
Saint Augustin dans son bureau (~1495)
Galerie des Offices, Florence
Seigneur Dieu, donne-nous la paix, puisque tu nous as tout donné : la paix du repos, la paix du sabbat, la paix qui n’a point de soir, Car tout cet ordre très beau des choses que tu as créées et qui sont très bonnes, épuisera ses modalités et passera. Oui, en elles, un matin a été fait et un soir.
Mais le septième jour ne comprend pas de soir et n’a pas de couchant puisque tu l’as sanctifié pour qu’il dure toujours. Et si toi, au terme de tes œuvres très bonnes, que tu as faites pourtant dans le repos, tu t’es reposé le septième jour, c’est pour nous dire d’avance par la voix de ton livre qu’au terme de nos œuvres, qui sont très bonnes du fait même que c’est toi qui nous les as données, nous aussi nous nous reposerions en toi, au sabbat de la vie éternelle.
Car alors aussi, tu te reposeras en nous, tout comme aujourd’hui tu agis en nous. Et ainsi ce repos sera tien à travers nous, tout comme cette action est tienne à travers nous.
Mais toi, Seigneur, tu es toujours en action, et tu es toujours en repos, et tu n’as ni vision pour un temps, ni mouvement pour un temps, ni repos pour un temps. Et cependant tu fais et les visions du temps, et ce que sont par eux-mêmes les temps, et le repos après le temps.
Ainsi pour nous, ces choses que tu as faites, nous les voyons parce qu’elles sont. Mais pour toi, c’est parce que tu les vois, qu’elles sont. Et nous, nous voyons du dehors qu’elles sont, et du dedans qu’elles sont bonnes ; mais toi, là tu les as vues faites, où tu les as vues à faire.
Et nous, en un temps, nous fûmes poussés à faire le bien, après que notre cœur l’eut conçu de ton Esprit ; tandis qu’avant ce temps, c’est à faire le mal que nous étions poussés, quand nous t’abandonnions. Mais toi, Dieu unique, Dieu bon, jamais tu n’as cessé de faire le bien.
Et quelques-unes de nos œuvres sont bonnes, par ta grâce il est vrai, mais non pas éternelles ; après elles, nous espérons nous reposer dans ta sublime sainteté. Mais toi, bien qui n’a besoin d’aucun bien, tu es toujours dans le repos, parce que ton repos c’est toi-même.
Et qui parmi les hommes, pourra donner à l’homme l’intelligence de tout cela ? Quel ange à l’ange ? Quel ange à l’homme ?
Qu’on te demande à toi, que l’on recherche en toi, que l’on frappe chez toi. Ainsi, l’on recevra, ainsi l’on trouvera, ainsi la porte s’ouvrira.
Saint Augustin (354 – 430), Confessions XIII, 50-53
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