
Portrait d’un moine orthodoxe, détail
École grecque, début XXe s.
Collection privée
Le croyant doit prier Dieu de changer la disposition de sa volonté en changeant son cœur, de transformer sa dureté en tendresse. Dieu est le bien suprême. Vers Lui rassemble les pensées de ton esprit et ne songe à rien d’autre qu’à guetter sa venue.
Empresse-toi donc de plaire au Seigneur, attends-le sans cesse dans ton cœur, cherche-le par tes pensées, use de violence et incite ta volonté et tes sentiments à tendre à tout instant vers Lui. Voici alors qu’il vient à toi et qu’il fait en toi sa demeure. Plus tu occupes ton esprit à le chercher, plus sa tendresse et sa bonté le pressent de venir en toi et l’engagent à te donner du repos.
Il est là, observant ton esprit, tes pensées, tes dispositions. Il examine comment tu le cherches : est-ce de toute ton âme ou bien avec nonchalance et négligence ? Et quand il te verra le chercher avec ardeur, il se manifestera à toi, il t’apparaîtra et t’accordera son secours ; il te donnera la victoire, t’arrachera à tes ennemis. Oui, dès qu’il aura vu ta ferveur à le chercher et l’espérance inlassable que tu lui portes, il t’instruira, t’apprendra la prière véritable, te donnera le véritable amour qu’il est Lui-même. Il deviendra alors tout pour toi : paradis, arbre de vie, perle de prix, couronne, architecte, laboureur, un être soumis à la souffrance, mais la dominant. En toi il devient homme, Dieu, vin, eau vive, brebis, époux, guerrier, arme, bref : Le Christ tout en tous !
Comme le petit enfant qui ne sait ni se soigner, ni se parer, comme un bébé qui ne peut rien sinon lever les yeux vers sa mère et pleurer jusqu’à ce que, attendrie, elle le prenne dans ses bras, ainsi celui qui a la foi espère toujours dans le Seigneur et lui rapporte sa justice. Car sans la vigne, le sarment se dessèche : tel est bien celui qui croit être juste sans le Christ. Et de même que c’est un voleur et un pillard celui qui n’entre pas par la porte de la bergerie, mais pénètre par une autre voie, ainsi tel est celui qui se dit juste sans avoir été justifié. Que chacun s’examine donc lui-même pour savoir de quoi il se nourrit, où il vit, ce qu’il fréquente. Le sachant et ayant opéré un sage discernement, il pourra se livrer parfaitement à ses élans vers le bien.
Macaire-Syméon, (IVe ou Ve s.), Homélie 31
> Biographie