Ma­rie-Noëlle Tha­but. Le des­sein bien­veillant de Dieu

Le pro­jet de Dieu avance ir­ré­sis­ti­ble­ment. Chaque jour, nous pou­vons dire que le des­sein bien­veillant de Dieu est plus avan­cé qu’­hier : il est en train de s’ac­com­plir, il pro­gresse… len­te­ment mais sû­re­ment. Ou­blier d’an­non­cer ce­la, c’est ou­blier un ar­ticle es­sen­tiel de la foi chré­tienne. Les Chré­tiens n’ont pas le droit d’être mo­roses, parce que chaque jour, « le sa­lut est plus près de nous », comme dit Paul.

Or ce des­sein bien­veillant a be­soin de nous : ce n’est donc pas le mo­ment de dor­mir. Nous qui avons la chance de connaître le pro­jet de Dieu, nous ne pou­vons pas cou­rir le risque de le re­tar­der. Je pense ici à la deuxième lettre de Pierre : « Non, le Sei­gneur ne tarde pas à te­nir sa pro­messe, (alors que cer­tains pré­tendent qu’il a du re­tard), mais il fait preuve de pa­tience en­vers vous, ne vou­lant pas que quelques-uns pé­ris­sent, mais que tous par­viennent à la conver­sion. » (2 Pi 3, 9) Ce qui veut dire que notre in­ac­tion, notre « som­meil » comme dit Saint Paul a des consé­quences sur l’a­van­ce­ment du pro­jet de Dieu : lais­ser nos ca­pa­ci­tés, nos pos­si­bi­li­tés en som­meil, c’est com­pro­mettre ou au moins re­tar­der le pro­jet de Dieu.

C’est ce qui fait la gra­vi­té de ce que nous ap­pe­lons les pé­chés par omis­sion : le des­sein bien­veillant de Dieu n’at­tend pas. Comme dit Saint Paul, la nuit est bien­tôt fi­nie, le jour est tout proche ; ailleurs, dans la pre­mière lettre aux Co­rin­thiens, Paul dit : « Le temps est écour­té » et il em­ploie un terme tech­nique de la na­vi­ga­tion « le temps a car­gué ses voiles » comme fait le ba­teau quand il ap­proche du port. (1 Co 7, 26. 29).

Vous al­lez me dire que c’est un peu pré­ten­tieux de nous don­ner tant d’im­por­tance, comme si notre conduite in­fluait sur le pro­jet de Dieu… et pour­tant, je n’in­vente rien : c’est ce qui fait la gran­deur, j’au­rais en­vie de dire la gra­vi­té de nos vies : si j’en crois saint Paul, notre conduite quo­ti­dienne est de la plus haute importance.

Ma­rie-Noëlle Tha­but (* 1945), Com­men­taire bi­blique, Rm 13, 11-14
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