Re­né Ma­gritte. La condi­tion humaine

Na­dia Bou­lan­ger (1887-1979), Pièces pour vio­lon­celle et pia­no
Ro­land Pi­doux, vio­lon­celle, Émile Naou­moff, piano 

Re­né Ma­gritte (1989 -1967)
La condi­tion hu­maine (1933)
The Na­tio­nal Gal­le­ry of Art, Washington 

Cette toile de Ma­gritte ré­vèle la na­ture énig­ma­tique de l’œuvre d’art. Elle sug­gère sa na­ture am­bi­guë en of­frant à voir un ta­bleau au cœur du ta­bleau, un ta­bleau qui se su­per­pose à un pay­sage dont il re­pré­sente la par­tie cachée.

Le ta­bleau in­té­rieur au ta­bleau n’est pas le pay­sage qui s’y trouve peint et pour­tant il le re­pré­sente au point de se fondre en lui (seuls les contours du ta­bleau et son sup­port le si­gnalent en ef­fet comme ta­bleau et lui in­ter­disent de se confondre avec le pay­sage qu’il représente).

Le pay­sage lui-même, comme la fe­nêtre d’où il est vu, n’est pas un pay­sage réel. Il est peint. Ce que l’on se­rait ten­té d’ou­blier en re­gar­dant le ta­bleau dans le ta­bleau. Non seule­ment le ta­bleau in­té­rieur cache et ré­vèle in­dis­so­cia­ble­ment le pay­sage qu’il donne à voir ; non seule­ment le pay­sage don­né à voir n’est pas un pay­sage réel ; mais en­core le ta­bleau glo­bal dis­si­mule sa na­ture de ta­bleau au bé­né­fice de ce qu’il re­pré­sente, tout en de­meu­rant bel et bien réel, chose entre les choses. Nou­velle am­bi­guï­té, même paradoxe !

L’en­semble re­pré­sente la condi­tion hu­maine, celle d’un être conscient, qui se re­pré­sente à l’in­té­rieur de lui-même le monde qu’il ha­bite, un monde qui se confond avec l’i­mage qu’il s’en fait.