Léo­nard de Vin­ci. Vierge à l’En­fant avec sainte Anne

Clau­dio Mon­te­ver­di (1567-1643), Ave ma­ris stel­la
La Ca­pel­la Reial de Ca­ta­lu­nya, dir. Jor­di Savall 

Léo­nard de Vin­ci (1452-1519)
Vierge à l’En­fant avec sainte Anne (~1500)
Le Louvre, Paris 

Ce ta­bleau était peut-être des­ti­né à Louis XII roi de France, en l’­hon­neur de son épouse Anne de Bre­tagne, mais on n’en est pas sûr. Il est pos­sible que Léo­nard l’ait en­tre­pris pour lui-même. On ignore aus­si à quelle date il a été com­men­cé. Cer­tains disent vers 1500, à moins que ce ne soit avant, comme l’af­firme Meyer Scha­pi­ro. Éla­bo­ré à Flo­rence à tra­vers de nom­breux des­sins et car­tons, pour­sui­vi à Mi­lan entre 1508 et 1513, il est res­té in­ache­vé et non li­vré. Léo­nard l’a em­por­té en France avec lui quand il a été in­vi­té en France par Fran­çois I, mais le ta­bleau n’est, semble-t-il, en­tré dans les col­lec­tions royales que sous Louis XIII. On lui donne par­fois le titre d’An­na Met­ter­za, qu’on pour­rait tra­duire en fran­çais par Sainte Anne en tierce.

En haut Sainte Anne, puis sa fille la Vierge Ma­rie qui tente, d’un geste à la fois af­fec­tueux et in­quiet, de re­te­nir son fils Jé­sus at­ti­ré par le sa­cri­fice, re­pré­sen­té par l’a­gneau. L’art de Vin­ci tient à sa ca­pa­ci­té à re­pré­sen­ter l’am­bi­va­lence. Jé­sus veut jouer avec l’a­gneau, qui est sa mort. La Vierge sait que ce sa­cri­fice est in­évi­table, mais elle ne peut pas s’empêcher d’es­sayer de le re­te­nir. Anne, qui re­pré­sente aus­si l’é­glise, re­tient sa fille : la Pas­sion et la Ré­demp­tion ne peuvent qu’ad­ve­nir.
___

Ave ma­ris stel­la,
Dei ma­ter al­ma
atque sem­per vir­go
fe­lix cae­li porta.

Su­mens illud ave
Ga­brie­lis ore
fun­da nos in pace
mu­tans Evae nomen.

Solve vin­cla reis
pro­fer lu­men cae­cis
ma­la nos­tra pelle
bo­na cunc­ta posce.

Mons­tra te esse ma­trem
su­mat per te preces
qui pro no­bis na­tus
tu­lit esse tuus.

Vir­go sin­gu­la­ris
in­ter omnes mi­tis
nos culpis so­lu­tos
mites fac et castos.

Vi­tam praes­ta pu­ram
iter pa­ra tu­tum
ut vi­dentes Je­sum
sem­per collaetemur.

Sit laus Deo Pa­tri
sum­mo Chris­to de­cus
Spi­ri­tui sanc­to
Tri­bus ho­nor unus.
Amen.
___

Sa­lut, étoile de la mer,
mère nour­ri­cière du Fils de Dieu
et tou­jours vierge,
bien­heu­reuse porte du ciel.

En re­ce­vant cet ave
de la bouche de Ga­briel
et en chan­geant le nom d’Ève
éta­blis-nous dans la paix.

En­lève leurs liens aux cou­pables.
Donne la lu­mière aux aveugles.
Chasse nos maux.
Nour­ris-nous de tous les biens.

Montre-toi notre mère.
Qu’il ac­cueille par toi nos prières,
Ce­lui qui, né pour nous,
vou­lut être ton fils.

Vierge sans égale,
douce entre tous,
quand nous se­rons li­bé­rés de nos fautes
rends-nous doux et disponibles.

Ac­corde-nous une vie in­no­cente.
Rends sûr notre che­min
pour que, voyant Jé­sus,
nous nous ré­jouis­sions éternellement.

Louange à Dieu le Père,
gloire au Christ Roi
et à l’Esprit saint,
à la Tri­ni­té en­tière un seul hom­mage.
Amen.