
Aristote
Université, Freiburg im Breisgau
Apprendre à se connaître est très difficile […] et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !); mais nous ne pouvons pas nous contempler nous mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d’autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d’entre nous, par l’indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. Par conséquent, à la façon dont nous nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, c’est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu’un ami est un autre soi-même. Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la présence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami ; l’homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d’amitié pour apprendre à se connaître soi-même.
Aristote (384-322 av. J.-C.), La Grande Morale, Livre II, Chap. XV
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