Ba­ruch Spi­no­za. La li­ber­té, fi­na­li­té de l’État

Ba­ruch Spi­no­za (1632-1677)
École hol­lan­daise, dé­tail, XVIIe s.
Her­zog Au­gust Bi­blio­thek, Wol­fenbüt­tel (D)

La fin der­nière de l’État n’est pas la do­mi­na­tion. Ce n’est pas pour te­nir l’­homme par la crainte et faire qu’il ap­par­tienne à un autre que l’État est ins­ti­tué. Au contraire c’est pour li­bé­rer l’in­di­vi­du de la crainte, pour qu’il vive au­tant que pos­sible en sé­cu­ri­té, c’est-à-dire conserve, aus­si bien qu’il se pour­ra, sans dom­mage pour au­trui, son droit na­tu­rel d’exis­ter et d’a­gir. Non, je le ré­pète, la fin de l’É­tat n’est pas de faire pas­ser les hommes de la condi­tion d’êtres rai­son­nables à celles de bêtes brutes ou d’au­to­mates, mais au contraire, il est ins­ti­tué pour que leur âme et leur corps s’ac­quittent en sû­re­té de toutes leurs fonc­tions, pour qu’eux-mêmes usent d’une rai­son libre, pour qu’ils ne luttent point de haine, de co­lère ou de ruse, pour qu’ils se sup­portent sans mal­veillance les uns les autres. La fin de l’État est donc en réa­li­té la liberté.

Ba­ruch Spi­no­za (1632-1677), Trai­té théo­lo­gi­co-po­li­tique, Chap. XX
Bio­gra­phie