Mar­cel Jousse. Le joug et le far­deau léger

Dans le mi­lieu eth­nique pa­les­ti­nien, pour dé­si­gner le ba­lan­ce­ment de droite et de gauche du ré­ci­ta­teur, on uti­lise le mot joug, car il y a ana­lo­gie ges­tuelle, entre le bœuf qui se ba­lance sous le joug en ru­mi­nant et le ré­ci­ta­teur qui se ba­lance en ré­ci­tant. Pour dé­si­gner le ba­lan­ce­ment de bas en haut, d’a­vant en ar­rière, on uti­lise le mot far­deau, car il y a ana­lo­gie ges­tuelle, entre ce­lui qui sou­lève une charge et le ré­ci­ta­teur qui « sou­lève » sa ré­ci­ta­tion. Le Joug dé­signe donc, dans le mi­lieu pa­les­ti­nien, le geste de la ré­ci­ta­tion qui se ba­lance de droite à gauche et de gauche à droite.

Comme cette ré­ci­ta­tion pa­les­ti­nienne est es­sen­tiel­le­ment celle de la To­rah on par­le­ra donc du joug de la To­rah. L’in­vi­ta­tion à ré­ci­ter la To­rah est une in­vi­ta­tion à prendre le Joug.

L’en­sei­gne­ment de Jé­sus a de la den­si­té, mais il n’é­crase pas. Il li­bère. « Oui, mon joug est fa­cile à por­ter, et mon far­deau, léger. » 

Mt 11, 28-30
28 Ve­nez à moi,
vous tous qui pei­nez sous le poids du far­deau,
et moi, je vous pro­cu­re­rai le re­pos.
29 Pre­nez sur vous mon joug,
de­ve­nez mes dis­ciples,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trou­ve­rez le re­pos pour votre âme.
30 Oui, mon joug est fa­cile à por­ter,
et mon far­deau, léger. 

Mar­cel Jousse (1886-1961), > L’an­thro­po­lo­gie du geste, texte
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