Chartres. La Na­ti­vi­té du Seigneur

Fran­cis Pou­lenc (1899-1963), Ho­die Chris­tus na­tus est
Groupe Vo­cal de France, dir. John Alldis 

Vi­trail de l’En­fance, La Na­ti­vi­té (~1145)
Chartres


Le thème de la Na­ti­vi­té du Christ a été re­pré­sen­té maintes et maintes fois dans l’art oc­ci­den­tal, comme dans l’art by­zan­tin. De­vant cette abon­dante ico­no­gra­phie, notre choix s’est por­té cette fois sur un vi­trail, source in­épui­sable d’images re­li­gieuses. Il s’agit ici d’une scène du Cycle de la Vie de Jé­sus, grande ver­rière qui évoque en 24 ta­bleaux l’histoire de l’Incarnation et la vie de Jé­sus de­puis l’Annonciation jusqu’à l’Entrée triom­phale de Jé­sus à Jé­ru­sa­lem, le jour des Rameaux.

Au pre­mier plan, al­lon­gée sur un lit et vê­tue du tra­di­tion­nel man­teau bleu, la Vierge Ma­rie pose un re­gard d’amour sur l’Enfant Jé­sus em­maillo­té d’un lange tout aus­si bleu et cou­ché dans la man­geoire au centre de la com­po­si­tion. Confor­mé­ment aux Écri­tures, il est ré­chauf­fé par un âne, gris-blanc, et un bœuf, de cou­leur ocre, si­tués juste der­rière la man­geoire. Notre re­gard est en­suite at­ti­ré par le vê­te­ment et l’auréole bleus de Jo­seph, en­dor­mi au pre­mier plan à droite, comme l’indique sa main po­sée sur la joue. La crèche est ma­té­ria­li­sée par un ri­deau qui s’écarte de­vant l’Enfant Jé­sus et pour­rait éga­le­ment rap­pe­ler le ri­deau du Temple des Juifs ou du ta­ber­nacle des chré­tiens, ser­vant à dis­si­mu­ler le mys­tère di­vin. En­fin, l’artiste n’a pas ou­blié l’étoile, si­tuée en haut à droite, qui condui­ra ber­gers et mages au che­vet du nouveau-né.

Nous re­trou­vons dans cette scène deux par­tis pris cou­rants de l’iconographie mé­dié­vale, voire by­zan­tine. Tout d’abord, la man­geoire de l’Enfant Jé­sus est re­pré­sen­tée comme un au­tel, pré­fi­gu­rant le sa­cri­fice du Christ pour l’Humanité et sa pré­sence dans les hos­ties lors de l’Eucharistie. En­suite, la fi­gure ré­cur­rente de Jo­seph pen­sif ou as­sou­pi, la main sur la joue, sym­bo­lise les doutes et in­ter­ro­ga­tions de ce der­nier à la nais­sance de l’Enfant Jé­sus, jusqu’à ce que Dieu re­vienne lui par­ler en songe.

La re­nom­mée de la ca­thé­drale de Chartres vient sur­tout de ses 172 vi­traux d’époque aux quelques 5000 per­son­nages pour une sur­face de 2600 m², consti­tuant la plus riche col­lec­tion de vi­traux an­ciens d’Europe ! La baie 50 fait par­tie des rares vi­traux du XIIe siècle ayant sub­sis­té après l’incendie ra­va­geur de 1194. Mal­gré plu­sieurs cam­pagnes de res­tau­ra­tion (XIIIe, XVe, puis XXe et XXIe siècles), elle nous offre un bel aper­çu de la vir­tuo­si­té du tra­vail de l’atelier char­train, ré­pu­té, entre autres pour la qua­li­té de son bleu si particulier.

Isa­belle Marescaux


Ho­die Chris­tus na­tus est.
Ho­die Sal­va­tor ap­pa­ruit.
Ho­die in ter­ra ca­nunt an­ge­li,
lae­tan­tur ar­chan­ge­li.
Ho­die exul­tant jus­ti, di­centes :
Glo­ria in ex­cel­sis Deo, alleluia.

Aujourd’hui le Christ est né !
Aujourd’hui le Sau­veur est ap­pa­ru !
Aujourd’hui les anges chantent sur la terre,
les ar­changes se ré­jouissent !
Aujourd’hui les justes exultent en di­sant :
Gloire au plus haut des cieux, alleluia !