Vincent van Gogh. Le Bon Samaritain

Mau­rice Du­ru­flé (1902-1986), Ubi ca­ri­tas
En­semble vo­cal Au­dite No­va de Pa­ris, dir. Jean Sourisse 

Vincent van Gogh (1853-1890)
Le Bon Sa­ma­ri­tain (1890)
Rijks­mu­seum Kröl­ler-Mül­ler, Otterlo 

Lc 10, 30-34
30 Un homme des­cen­dait de Jé­ru­sa­lem à Jé­ri­cho, et il tom­ba sur des ban­dits. Ceux-ci, après l’avoir dé­pouillé et roué de coups, s’en al­lèrent, le lais­sant à moi­tié mort. 31 Par ha­sard, un prêtre des­cen­dait par ce che­min ; il le vit et pas­sa de l’autre cô­té. 32 De même un lé­vite ar­ri­va à cet en­droit ; il le vit et pas­sa de l’autre cô­té. 33 Mais un Sa­ma­ri­tain, qui était en route, ar­ri­va près de lui. Il le vit et fut sai­si de com­pas­sion. 34 Il s’approcha, et pan­sa ses bles­sures en y ver­sant de l’huile et du vin. Puis il le char­gea sur sa propre mon­ture, le condui­sit dans une au­berge et prit soin de lui.
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Quelle joie dans les cou­leurs, quel mou­ve­ment dans le des­sin, tous les in­gré­dients pour trans­crire le ser­vice ren­du à notre pro­chain, à l’autre ha­bi­té par le Seigneur !

Van Gogh, ve­nu du Nord, le hol­lan­dais, le fils de pas­teur qui au dé­but de sa car­rière, peint la dure vie des man­geurs de pommes de terre dans des tons sombres et ter­reux, est main­te­nant sous le so­leil du mi­di. Tout de­vient lu­mi­neux, en­thou­sias­mant. C’est un pas­sion­né, au­to­di­dacte, il ne cesse d’étudier les œuvres de ses contem­po­rains, court les mu­sées, mais il est ma­lade, dés­équi­li­bré men­ta­le­ment. Ses pein­tures sont tour­men­tées comme lui.

Son sa­ma­ri­tain est im­pres­sion­nant : il le montre ve­nant au se­cours de l’homme at­ta­qué par les bri­gands qui lui ont vo­lé ses biens et se sont en­fuis, comme on l’aperçoit en bas à gauche du ta­bleau. Le sa­ma­ri­tain met toutes ses forces pour le his­ser sur son propre che­val et lui pro­di­guer des soins.

Dans l’Évangile de Jé­sus-Christ se­lon saint Luc (Lc 10, 30-37) la pa­ra­bole de Jé­sus est une ré­ponse au doc­teur de la loi qui lui de­mande ce qu’il doit faire pour avoir la vie éter­nelle. Jé­sus le ren­voie à la Loi mais ce­la ne lui suf­fit pas ! Jé­sus ra­conte alors l’histoire de ce bon sa­ma­ri­tain consi­dé­ré comme un étran­ger et même comme un étran­ger par les juifs. (Jn 4, 9) Mal­gré ce­la, il se fait mi­sé­ri­cor­dieux comme Dieu lui-même en­vers un homme at­ta­qué par des bri­gands, alors que le prêtre et le lé­vite ne se sont pas arrêtés.

Le pay­sage du ta­bleau de Van Gogh illustre cette scène. Une trouée mar­quée par la ri­vière qui s’enfuit vers les mon­tagnes loin­taines nous oblige à voir au-de­là de la scène elle-même et à trou­ver un sur­plus de sens au récit.

Ce sa­ma­ri­tain, bien réel, n’évoque-t-il pas l’appel per­ma­nent de Jé­sus que nous ne voyons pas mais qui nous re­quiert au se­cours de notre pro­chain ? Ne nous in­vite-t-il pas à voir en tout homme éprou­vé Jé­sus lui-même ? Sei­gneur donne nous d’aller plus loin, de te re­con­naître dans le pauvre et le mal­heu­reux.
Do­mi­nique de Pi­rey, his­to­rienne de l’art et théologienne

Ubi ca­ri­tas et amor, Deus ibi est. 

Congre­ga­vit nos in unum Chris­ti amor.
Ex­sul­te­mus et in ip­so ju­cun­de­mur.
Ti­mea­mus et ame­mus Deum vi­vum.
Et ex corde di­li­ga­mus nos sincero. 

Ubi ca­ri­tas et amor, Deus ibi est.
Amen.
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Là où sont la cha­ri­té et l’amour, Dieu est présent. 

L’amour du Christ nous a ras­sem­blés et nous sommes un.
Exul­tons et ré­jouis­sons-nous en lui.
Crai­gnons et ai­mons le Dieu vivant
et ai­mons-nous les uns les autres d’un cœur sincère.

Là où sont la cha­ri­té et l’amour, Dieu est pré­sent.
Amen.

Pau­lin d’A­qui­lée (~730-802)