Claude Debussy (1862-1918), Rêverie
François-Joël Thiollier, pianiste

Pablo Picasso (1881-1973)
La femme qui rêve (1932)
Collection privée
« Je ne cherche pas, je trouve !» (Picasso)
N’est-il pas dit de Picasso qu’il n’élaborait pas ses couleurs avec subtilités, mais qu’il pressait les tubes de peinture avec une impatience quasi pulsionnelle, dictée par la pression de la créativité et de l’inspiration, posant ainsi avant l’heure le concept de l’Action Art, cet art de l’instant, cet art du mouvement, ce corps à cœur entre l’artiste et sa toile. Combat sans compromis, qui ne tolère pas d’être entravé par des contingences académiques ou des théories momifiantes.
Et pourtant, quelle quiétude dans ce portrait d’une « femme qui rêve ». Peut-être s’est-elle endormie à son insu, dans un moment de calme, d’abandon, invitant à une sieste sans complexe. Le relâchement de sa pause alanguie, et son sourire tellement serein, suggèrent un véritable instant de bonheur, immortalisé par le peintre qui semble lui-même hypnotisé par cette icône de « bien-être », par cette belle rêveuse… qui fait rêver ! Quel bonheur dans ce visage abandonné, traité dans une posture « plastique » un peu extrême, un peu caricaturale, il est vrai. Cet étrange angle droit entre le cou et le visage, pourrait donner un sentiment de rupture, de cassure, voire même de tension. Sans parler des deux mains jointes : est-ce une prière entamée, interrompue par une torpeur inattendue, ou une posture lascive, avec ce sein plantureux dévoilé aux regards de tous ?