
Carl Blechen (1798-1840)
Le couvent des capucins près d’Amalfi (1940)
Kunst Museum, Winterthour
Italie. Entre nostalgie et tourisme de masse
> Kunst Museum Winterthur
Jusqu’au 11 septembre 2022
L’Italie a toujours été un lieu de prédilection pour les artistes. Depuis la Renaissance, ce pays, berceau des arts, a exercé une fascination extraordinaire sur les créateurs européens. Michel-Ange, Raphaël et Léonard de Vinci étaient considérés comme des chefs-d’œuvre incontestés et l’Antiquité pouvait y être vécue directement comme nulle part ailleurs. Pour les scientifiques et les poètes du siècle des Lumières, un voyage de formation dans le Sud faisait également partie du programme obligatoire. Outre l’enthousiasme pour l’Antiquité et l’admiration pour l’histoire de l’art italien, c’est surtout la nostalgie du Sud, incarnation de la liberté et de l’harmonie entre l’art et la vie dans l’Arcadie utopique, qui a fait de l’Italie une destination de rêve bien réelle. Des Bentvueghels néerlandais du XVIIe siècle aux Romains allemands, en passant par les classiques et les préraphaélites romantiques, les artistes étaient attirés par le Bel Paese avec un regard sans cesse renouvelé.
Au XXe siècle, cette vision a changé : le Grand Tour, autrefois noble, a cédé la place au tourisme de masse, les guerres mondiales ont conduit à une réflexion critique sur sa propre histoire. Le lieu de nostalgie idéalisé avait fait place à une vision sobre et moderne. Dans les années 1960, l’Arte Povera a déjoué les attentes et interrogé l’Italie d’autrefois avec un regard nouveau et différent. Le pays, transfiguré de l’extérieur au fil des siècles, est désormais observé de l’intérieur. Aujourd’hui, des artistes comme Monica Bonvicini et Luigi Ghirri mettent en lumière leur propre pays avec une franchise implacable. On ne s’ennuie jamais en Italie - Andiamo !
L’exposition suit le départ vers le sud d’artistes renommés tels que Claude Lorrain et Jan Both, en passant par Joseph Anton Koch, Carl Blechen, Arnold Böcklin et Anselm Feuerbach jusqu’à Barthélemy Menn, et confronte pour la première fois leur expérience de l’Italie avec les contre-images critiques de l’Arte Povera et de l’art d’aujourd’hui.
Andrea Lutz, commissaire d’exposition