Hôpital Sant Pau, Des racines et des ailes, extrait © France 3
Cette œuvre monumentale, construite entre 1905 et 1930, occupe plus de 35 000 m2. Elle fut réalisée par Domènech i Montaner, aidé de son fils, grâce au mécène Pau Gil dont les initiales s’entrecroisent sur les façades des 28 bâtiments. Des mosaïques en céramique vernissée, ayant trait à la mythologie et à l’histoire de la Catalogne, ornent les pavillons. Inscrit au patrimoine mondial en 1997, puis réhabilité, l’hôpital accueille aujourd’hui un centre de recherche.
À l’origine, et avant la conception de son projet, l’architecte Domènech i Montaner s’était largement documenté en visitant personnellement d’autres hôpitaux et aussi à travers des références ou en étudiant des projets. Au chapitre III de son projet intitulé Evolución hacia los modernos hospitales de pabellones aislados y de blok-pabellones con galerias de comunicación (Évolution vers les hôpitaux modernes aux pavillons individuels et aux pavillons regroupés par des galeries de communication), il présente une vaste liste d’hôpitaux qu’il a eu l’occasion de connaître, d’étudier et d’analyser. Il s’agit d’une très longue liste, de plusieurs pages, dans laquelle il décrit les hôpitaux militaires d’Angleterre, comme celui de Plymouth, le Lincoln General Hospital, des hôpitaux civils comme ceux de Saint Jean de Bruxelles, de la Roquette de Bordeaux,et ceux d’autres villes européennes telles que Rome, Paris, Berlin, Londres, Budapest, Cologne, Baltimore, Zurich, Aquisgran, etc., et espagnoles comme Madrid et Bilbao.

Passages souterrains reliant les pavillons
Le débat soulevé à l’époque entre les partisans d’une structure hospitalière pavillonnaire ou concentrée fut résolu par l’interconnexion des pavillons au moyen de passages souterrains qui constituent l’élément clé et différentiel de notre ensemble monumental.
Le mécénat a joué un rôle essentiel dans le lancement de cette macro entreprise. Outre le promoteur et mécène post-mortem, Pau Gil, le banquier catalan installé à Paris, il convient de citer d’autres personnes qui, en promouvant des pavillons, ont contribué, en collaboration avec le gouvernement municipal et l’ancien hôpital de la Santa Creu, à bâtir l’ensemble que nous connaissons aujourd’hui. Parmi celles-ci, citons Rafael Rabell, Manuel Mariné i Molins, le Dr. Daniel Girona et Maria Quintana, Lluïsa Rabell, Francesca Balart et Frederic Benassat. Il s’agit d’un projet gigantesque consigné dans les Mémoires de l’architecte qui y exprime la volonté hygiénico-sanitaire (cette volonté se manifestant tant dans l’implantation et la relation entre les bâtiments que dans chaque bâtiment en soi), la fonctionnalité, outre les composantes esthétiques, les solutions constructives et le confort environnemental. Comme les théories hygiénistes avaient pour vocation de résoudre ou de minimiser les risques d’infection et la propagation de pandémies en améliorant la salubrité au moyen de l’ensoleillement et de l’isolement, le pavillon isolé répond parfaitement à cette vocation.

La distribution, la dimension et la décoration des 48 bâtiments isolés dépendaient de leur usage et de leur importance. C’est pourquoi, les services de caractère plus général ont été placés au centre de l’enceinte (couvent, pharmacie,cuisines), d’autres ont été situés près des accès à la voie publique (administration, dispensaires, église, chapelle mortuaire…) et les plus éloignés sont les pavillons destinés aux maladies infectieuses et difficiles à guérir. L’architecte configure un tissu urbain composé de deux grandes avenues croisées en diagonale sur un angle à 45º. Il oriente les pavillons au sud, crée des jardins d’été et d’hiver en adaptant les bâtiments aux caractéristiques du terrain, de deux ou trois niveaux à demi-souterrain et directement ventilés, ou à travers de vastes cours anglaises présentant trois volumes connectés, d’utilisation et de toiture différenciées. L’installation du chauffage central, l’approvisionnement en eau potable et l’évacuation des eaux usées ont été essentiels pour l’assainissement des lieux.

Dans les jardins : végétation, arômes floraux et espèces à feuilles caduques comme les tilleuls, les châtaigniers, qui procurent chaleur en hiver et fraîcheur en été ; une ville à dimension humaine et un espace pour soigner les maladies physiques et psychologiques.

Décorations
L’exécution du projet fut rendue possible par la remise en marche d’un ancien four à brique qui permit de réutiliser l’argile extraite de la terre pour la construction de l’ensemble.

L’enceinte est limitée par quatre rues : Cartagena, Mas Casanovas, Sant Quintí et Sant Antoni. La superbe clôture de Maria Claret alterne les murs en brique apparente avec les couronnements arrondis en et les médaillons ornementaux avec les grilles en fer forgé. De part et d’autre de l’entrée principale de l’hôpital, s’érigent des guérites qui servent, au couchant, de piédestal pour le petit temple qui abrite la sculpture de Sant Pau et au levant, plus haut, la représentation de la Santa Creu, les patrons de l’hôpital. Le tout est flanqué d’une magnifique clôture en fer forgé avec un couronnement ondulé, formé de croix et d’anges avec frontons et encadrements en arcs lobés.

Mosaïque
La Mosaïque de Mario Maragliano, qui se trouve sur la façade principale du pavillon de l’Administration de l’Hôpital Santa Creu i Sant Pau constitue, au niveau artistique et documentaire, l’acte fondateur de l’ensemble monumental, qui résulte de la fusion des six hôpitaux existant alors à Barcelone. Un ensemble créé dans le contexte d’un projet hospitalier gigantesque, né d’un engagement social visant à pallier les carences hospitalières de la ville de Barcelone. Un ensemble créé dans le contexte d’un projet hospitalier gigantesque, né d’un engagement social visant à pallier les carences hospitalières de la ville de Barcelone.
Le texte de la mosaïque témoigne de ce fait : Le XV janvier MCMII, les administrateurs de l’Hôpital de Santa Creu, les Exécuteurs testamentaires, l’Assemblée gestionnaire du don de M. Pau Gil, en compagnie des délégations des autorités et corporations locales, posent la première pierre de l’Hôpital actuel de Sant Pau.
Cette date inaugure le début de la construction des pavillons Art nouveau, qui sera suivie par une deuxième phase de 1913 à 1922. Entre 1923 et 1928, la troisième phase, marquée par le décès de Lluís Domènech i Montaner, voit naître une construction éclectique orchestrée par l’architecte Pere Domènech i Roura. En 1916, il fonctionne déjà comme établissement hospitalier. L’actuel HSCSP fut inauguré le 16 janvier 1930 en tant qu’infrastructure unique, après la fusion de l’Hôpital de Sant Pau (1902-1914) et de l’Hôpital de la Santa Creu (1914-1935). En fait, sur les 48 pavillons initialement prévus, seuls 27 ont été construits mais malheureusement, aujourd’hui, tous n’existent plus.