▷ An­to­ni Gaudí. La Ca­sa Batlló, Barcelone


> Ca­sa Batlló
An­to­ni Gaudí (1852-1926)

La Ca­sa Batlló (1907) est connue à Bar­ce­lone sous le nom de « Ca­sa de los hue­sos » (« Mai­son des os »). Elle doit ce nom à son ar­chi­tec­ture très ori­gi­nale : les bal­cons res­semblent à des frag­ments de crâne avec les ou­ver­tures pour les yeux et le nez, les co­lonnes de la tri­bune du pre­mier étage ont la forme d’os hu­mains et de nom­breux autres dé­tails de la fa­çade peuvent faire pen­ser à un squelette.

Se­lon une autre in­ter­pré­ta­tion, les bal­cons res­semblent à des masques vé­ni­tiens. La fa­çade, on­du­lée et com­po­sée d’une mo­saïque de verre et cé­ra­mique donne, sous l’ef­fet du so­leil, l’im­pres­sion d’être en mou­ve­ment et d’on­du­ler comme des vagues. Les co­lonnes vers le bas de l’é­di­fice rap­pellent des troncs d’arbre. Ce­la donne à la mai­son un as­pect ma­gique et féerique.

D’une ma­nière gé­né­rale, la mai­son pré­sente, sur sa fa­çade po­ly­chrome et on­du­lante, une al­lé­go­rie de saint Georges tuant le dra­gon. Le toit fait pen­ser au dos ar­qué d’un dra­gon et les tuiles en cé­ra­mique qui le re­couvrent à ses écailles (à l’in­té­rieur d’ailleurs il y a un es­ca­lier en bois qui rap­pelle étran­ge­ment une co­lonne ver­té­brale, qui pour­rait ap­par­te­nir au sup­po­sé dra­gon). L’im­meuble est sur­mon­té d’une tour avec la croix de quatre bras, ty­pique de Gaudí.

À l’in­té­rieur, tout est aus­si ima­gi­na­tif : foyers, es­ca­liers, meubles et pour­tours de fe­nêtres en bois, vi­trages décorés.

La mai­son ac­tuelle ré­sulte de la ré­no­va­tion d’une mai­son construite en 1877. Au dé­but du XXe siècle, le pro­prié­taire de l’im­meuble de l’é­poque, un in­dus­triel du tex­tile nom­mé Jo­sep Batlló i Ca­sa­no­vas, de­man­da à An­to­ni Gaudí de re­faire sa mai­son. Dans son idée pre­mière, Jo­sep Batlló i Ca­sa­no­vas dé­si­rait faire en­tiè­re­ment re­cons­truire l’im­meuble par l’ar­chi­tecte, pour en faire un édi­fice neuf, ori­gi­nal, sur­pre­nant et re­mar­quable à la ma­nière de ce que Gaudí avait dé­jà fait pour la Ca­sa Vi­cens, pour le Pa­lau Güell ou en­core la Ca­sa Cal­vet. Pour cette rai­son, il de­mande à la mai­rie en 1901 l’au­to­ri­sa­tion de dé­truire l’im­meuble exis­tant, de­mande qui se­ra refusée.

Après quoi il se­ra dé­ci­dé une re­cons­truc­tion à par­tir de l’é­di­fice exis­tant. La nou­velle de­mande à la mai­rie, si­gnée An­to­ni Gaudí et Jo­sep Batlló i Ca­sa­no­vas, est dé­po­sée le 26 oc­tobre 1904. Pour qui a vu les plans dé­po­sés, il est ten­tant de par­ler de « su­per­che­rie » tant les des­sins sont éva­sifs quant au pro­jet fi­nal. La par­tie su­pé­rieure du do­cu­ment dé­crit, étage par étage, les plans de l’­ha­bi­ta­tion et ne dif­fère en rien d’un plan clas­sique d’ar­chi­tecte, mais la par­tie in­fé­rieure montre le des­sin d’une fa­çade à peine ébau­ché, seules cer­taines par­ties comme le toit ou les fe­nêtres étant des­si­nées avec plus de pré­ci­sion. An­to­ni Gaudí se mé­fiait peut-être des ré­ac­tions de la mai­rie vis-à-vis de son pro­jet et il n’a­vait sans doute pas com­plè­te­ment tort dans la me­sure où cer­taines normes n’é­taient pas res­pec­tées. Ain­si, les co­lonnes de la fa­çade dé­pas­saient de 60 cm sur le trot­toir. Mal­gré les ré­ti­cences de la mai­rie de­vant le non-res­pect de cer­taines normes, le per­mis fut accordé.

An­to­ni Gaudí par­tit donc de l’é­di­fice ori­gi­nal pour créer un im­meuble pra­ti­que­ment nou­veau. Sur la fa­çade ex­té­rieure, il ajou­ta la tri­bune, les bal­cons, le toit or­né de tuiles en cé­ra­mique po­ly­chro­mées (ja­po­naises), le gre­nier et deux étages ad­di­tion­nels. Sur la fa­çade pos­té­rieure, les ajouts ou mo­di­fi­ca­tions sont moins vi­sibles et visent sur­tout à l’­har­mo­ni­ser avec les fa­çades des im­meubles voi­sins. À l’in­té­rieur, il ré­or­ga­ni­sa les es­paces afin d’ob­te­nir plus de ven­ti­la­tion et de lu­mière na­tu­relle. La cour in­té­rieure, en­fin, fut agran­die ; une grande lu­carne cen­trale fut ajou­tée, elle-même re­cou­verte de céramiques.

© Texte : Wikipédia