▷ Quen­tin Met­sys. Le chan­geur et sa femme

Ano­nyme XVIIe s. Bransle de vil­lage
Le Poème Har­mo­nique, dir. Vincent Dumestre 

Quen­tin Met­sys (1466-1530)
Le chan­geur et sa femme (1514)
Le Louvre, Paris 

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Les deux per­son­nages prin­ci­paux - il y en a trois autres - sont pla­cés de ma­nière sy­mé­trique. La fonc­tion de chan­geur est très im­por­tante en ce dé­but du XVIe siècle car les com­mer­çants qui voyagent à l’ étran­ger ont be­soin de conver­tir les mon­naies qu’ils pos­sèdent. An­vers était la ca­pi­tale éco­no­mique de l’ Eu­rope. La pra­tique de l’u­sure pou­vait y avoir une va­leur po­si­tive et être so­cia­le­ment ac­cep­tée comme en té­moigne la pré­sence du livre de prières au pre­mier plan.

A gauche, le chan­geur est en train de pe­ser des pièces d’ or à l’ aide d’ une ba­lance pour en vé­ri­fier la vé­ra­ci­té. La ba­lance évoque le ju­ge­ment dernier.

Chan­geurs et usu­riers ap­pa­raissent sou­vent comme des per­son­ni­fi­ca­tions de l’ Ava­rice. Les pièces d’ or sont éga­le­ment un ac­ces­soire ty­pique de la re­pré­sen­ta­tion du pé­ché d’ ava­rice. De­vant lui sont éta­lées des pièces, des bagues et des perles, ces der­nières sym­bo­li­sant la luxure.

A cô­té du chan­geur, son épouse. Celle-ci dé­tourne son re­gard d’un livre re­li­gieux (où fi­gure l’ image d’une vierge à l’en­fant) qu’ elle tient dans la main, vers les ri­chesses que ma­ni­pule son époux, sym­bo­li­sant ain­si le dan­ger de la convoi­tise qui dé­tourne de la foi.

Sur la table, en bas à droite d’un mi­roir convexe, nous pou­vons dis­tin­guer le vi­sage d’ un per­son­nage pla­cé en face du chan­geur. Il s’a­git pro­ba­ble­ment d’un com­mer­çant ve­nu chan­ger son argent.

Sur l’é­ta­gère en haut à gauche du ta­bleau fi­gurent une ca­rafe et un cha­pe­let sym­bo­li­sant la vir­gi­ni­té de Ma­rie, donc la pu­re­té. En ef­fet, la lu­mière tra­verse la ca­rafe sans la dé­truire comme le Saint Es­prit tra­ver­sa la vierge sans la dé­flo­rer afin qu’ elle donne nais­sance au Fils de Dieu.

A droite, sur l’ éta­gère du bas et au des­sus du cha­peau brun de la femme, une bou­gie éteinte sym­bo­lise la mort inévitable.

A droite de l’ éta­gère dans l’ en­ca­dre­ment de la porte, un vieil homme fait la le­çon à un jeune - le geste de la main est sans équi­voque - le met­tant en garde contre l’ en­vie qui le guette s’ il entre dans la mai­son du chan­geur. Nous re­trou­vons ici la pen­sée de l’­hu­ma­niste Érasme de Rot­ter­dam, ami de Quen­tin Metsys. 

Dans ce ta­bleau, il a peut-être réa­li­sé son portrait.