Joan Miró. « L’é­pi de blé », ri­gueur et ascétisme

Na­dia Bou­lan­ger (1887-1979), Pièces pour vio­lon­celle et pia­no
Ro­land Pi­doux, vio­lon­celle, Emile Naou­moff, piano 

Joan Miró (1893-1983)
L’é­pi de blé (1923)
Mu­sée d’Art mo­derne, New York 

Toile mar­quée par l’ascétisme et la ri­gueur dans l’organisation des fi­gures. La pein­ture est éten­due en couches minces et sa di­lu­tion im­por­tante la rend mate. Le vert do­mine le ta­bleau. Des obliques contra­riées marquent les bords et le coin d’une table où re­posent un pot, une pas­soire et l’épi qui donne son titre au tableau.

Mi­ro ne fait rien pour éta­blir un es­pace connu : ni fa­cettes cu­bistes, ni pers­pec­tive. Seuls les trois ob­jets lé­gè­re­ment mo­de­lés sug­gèrent un vo­lume. Le blé se dé­ploie dans la par­tie in­fé­rieure de la com­po­si­tion et sa cou­leur plus chaude af­firme sa pré­sence au pre­mier plan. Pot et pas­soire ap­puient leurs ron­deurs sur de fines lignes noires tra­cées à l’horizontale qui fi­gurent l’ombre por­tée et em­pêchent les ob­jets de flot­ter dans l’espace.

Mi­ro a le sou­ci de re­lier en­semble les dif­fé­rentes par­ties d’un ta­bleau : la tige si­nueuse de l’épi s’allonge en contre-courbe vis-à-vis du manche de la pas­soire et du galbe du pot. Les grains du blé ébauchent des tor­tillons ana­logues à la tor­sade mé­tal­lique du manche de la pas­soire. Les ro­ton­di­tés de la pas­soire font la liai­son avec le pot.