P. Pi­cas­so. « Guer­ni­ca », l’­hor­reur des conflits

Oli­vier Mes­siaen (1908-1992), Les té­nèbres
Jen­ni­fer Bate, orgue, Église de la Sainte-Tri­ni­té, Paris 

Pa­blo Pi­cas­so (1881-1973)
Guer­ni­ca (1937)
Mu­seo Na­cio­nal Rei­na So­fia, Madrid 

Guer­ni­ca a été réa­li­sé par Pi­cas­so en 1937. Ce­lui-ci s’est ins­pi­ré du bom­bar­de­ment de la pe­tite ville basque de Guer­ni­ca, le 26 avril 1937, par l’a­via­tion al­le­mande au ser­vice de Fran­co. Guer­ni­ca était une com­mande du gou­ver­ne­ment ré­pu­bli­cain es­pa­gnol pour le pa­villon à l’Ex­po­si­tion Uni­ver­selle de Pa­ris de juillet 1937. Pi­cas­so, à tra­vers ce ta­bleau, sym­bo­lise l’­hor­reur des conflits hu­mains. Il re­pré­sente cette hor­reur grâce à l’emploi de formes très crues mon­trant la cruau­té hu­maine. Le bom­bar­de­ment de Guer­ni­ca fit 2000 vic­times es­sen­tiel­le­ment des femmes et des enfants.

La pein­ture n’est pas faite pour dé­co­rer les ap­par­te­ments ; c’est une arme of­fen­sive et dé­fen­sive contre l’ennemi, c’est ce que dé­cla­ra Pi­cas­so à pro­pos de Guer­ni­ca. Ce ta­bleau fut com­po­sé en quelques jours juste après le bom­bar­de­ment du vil­lage es­pa­gnol par la Lé­gion Condor. Il fut long­temps conser­vé au Mu­seum of Mo­dern Art de New York mais en 1981, il re­tour­na en Es­pagne au mu­sée du Pra­do. Il se trouve au­jourd’­hui au Mu­seo Na­cio­nal Rei­na Sofía à Madrid.

Guer­ni­ca est une huile sur toile me­su­rant 7,52 m. de lon­gueur sur 3,51 m. de lar­geur. Le ta­bleau est com­po­sé de cou­leurs mo­no­chromes sym­bo­liques. En ef­fet, ce­la ac­cen­tue l’im­pres­sion de mort. Les formes géo­mé­triques, quant à elles, rap­pellent l’art pri­mi­tif afri­cain. La toile est dé­cou­pée en plans tri­an­gu­laires et se pré­sente comme un mon­tage de l’ac­tua­li­té de l’é­poque en noir et blanc. Ce dé­cou­page du ta­bleau in­ten­si­fie toute l’­hor­reur de la guerre.

Dif­fé­rents symboles

La lampe, au centre du ta­bleau, do­mi­nant la scène. Elle a la forme d’un oeil ce qui peut re­pré­sen­ter l’œil du peintre qui sou­haite mon­trer sa per­cep­tion de l’é­vé­ne­ment. Elle peut si­gni­fier la lueur d’es­poir mal­gré la tra­gé­die de ce bombardement.

Le tau­reau à gauche est l’in­car­na­tion de la bru­ta­li­té et de l’obs­cu­ri­té dans la cor­ri­da. Dans ce ta­bleau, il re­pré­sente les na­tio­na­listes dans cette guerre.
Le che­val in­carne la vic­time in­no­cente de cette cor­ri­da. Les dif­fé­rentes fi­gures de l’a­ni­mal tra­duisent la ter­reur et la dou­leur. Ce che­val re­pré­sente le peuple op­pri­mé et les ré­pu­bli­cains.

La co­lombe sym­bo­lise la paix. Ici elle se si­tue entre le tau­reau et le che­val et nous pou­vons re­mar­quer qu’elle s’ef­face dans l’obs­cu­ri­té ce qui si­gni­fie que la paix est im­pos­sible entre les deux par­ties s’op­po­sant dans cette guerre, les ré­pu­bli­cains et les na­tio­na­listes.
La fleur, en bas au centre, sym­bo­lise la fra­gi­li­té, la vie et l’espérance.

Le fan­tôme tient dans sa main une bou­gie. Il montre l’in­di­gna­tion de la com­mu­nau­té in­ter­na­tio­nale qui veut faire la lu­mière sur ce qui vient de se passer.

Dif­fé­rents personnages

La mère, à gauche, a le sein dé­nu­dé et tient un en­fant mort dans ses bras. Nous pou­vons consta­ter que ses yeux ont la forme de larmes, ce qui ac­cen­tue le déses­poir. Ce sym­bole montre que la ma­ter­ni­té est im­pos­sible, ain­si que le déses­poir des pay­sans op­pri­més dans cette guerre.
Le pri­son­nier est brû­lé vif. Nous pou­vons consta­ter qu’il im­plore Dieu les bras le­vés au ciel. Ses yeux sont en forme de larmes ce qui si­gni­fie la souf­france et la douleur.

Le sol­dat a l’é­pée bri­sée. Il montre la dé­ter­mi­na­tion, la va­leur, la lutte jus­qu’à la mort. Il sym­bo­lise l’im­pos­si­bi­li­té de conti­nuer la lutte, l’i­né­ga­li­té des armes. Il re­pré­sente les ré­pu­bli­cains. En ef­fet, ces der­niers n’a­vaient pas les moyens mi­li­taires que pos­sé­daient les na­tio­na­listes.

La femme qui boîte se si­tue en bas à droite. Sa bles­sure à la jambe l’empêche de mar­cher. Elle est fas­ci­née par la lu­mière de l’am­poule. Elle crie la li­ber­té, l’i­déal in­ac­ces­sible. Mal­gré son han­di­cap, elle conti­nue de mar­cher vers la liberté.