Gregorio Allegri (1582-1652), Miserere mei Deus
Choir of New College, Oxford, dir. Edward Higginbottom

Sandro Botticelli (1445-1510)
La tentation de Jésus au désert, Fresque (1482)
Mur nord de la Chapelle Sixtine
Mt 4, 1-11
1 Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. 2 Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. 3 Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » 4 Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
5 Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple 6 et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » 7 Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
8 Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. 9 Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » 10 Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » 11 Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
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Botticelli présente le thème essentiel du tableau, la tentation de Jésus, dans les trois scènes de l’arrière-plan. Jésus n’apparaît pas du tout au premier plan.

La narration commence en haut à gauche, non pas dans un désert mais dans une sombre forêt. Le diable s’est enveloppé dans une robe de moine, ou dans un vêtement de pèlerin, d’où sortent ses ailes de chauve-souris et ses pattes de gallinacé. Un bâton de pèlerin et un chapelet à la main il s’approche de Jésus et lui montre les pierres qu’il lui demande de changer en pains.

Ne pouvant convaincre Jésus de le faire, il l’entraîne sur le pinacle du temple de Jérusalem et lui demande de se jeter dans le vide pour que les anges de Dieu viennent le sauver. Pour représenter le temple de Jérusalem Botticelli a utilisé la façade de l’hôpital San Spirito, une fondation du pape Sixte IV dont la construction vient d’être achevée en 1482, année où la fresque fut exécutée.

Dans la troisième scène Jésus chasse le diable après que celui-ci lui a commandé de s’agenouiller devant lui et de l’adorer. Déconfit l’esprit du mal s’enfuit en dévoilant sa vraie forme et semble tout prêt à se heurter à un chêne, emblème héraldique de la famille de la Rovere.
Derrière Jésus trois anges dressent la table pour lui. Il est dit dans l’Évangile : « Ils vinrent pour le servir. » Au second plan les anges conduisent Jésus ver l’entrée du Temple et l’autel des sacrifices encore fumant. L’un d’eux tient un lis blanc. Cette fleur blanche symbolise l’innocence de Jésus qui l’a emporté sur le démon et qui sera l’Agneau du sacrifice.

La représentation du sacrifice qui occupe le premier plan dans toute sa largeur est inhabituelle tant par son importance au regard des scènes tirées de l’Évangile que par son contenu.
Au centre devant l’autel où brûle le feu un servant apporte au grand-prêtre une coupe emplie du sang du sacrifice.


A gauche et à droite de ce sacrifice se tiennent de nombreux personnages dont les vêtements sont ceux de contemporains des peintres et du pape Sixte IV.
Cette scène met en relation la relation divine de la fonction sacerdotale depuis Aaron et le caractère sacerdotal de la mission du Christ, son obéissance à Dieu et sa passion. Le grand-prêtre pourrait être une représentation de Melchisédech.
Psaume 50
Miserere mei, Deus,
secundum magnam misericordiam tuam ;
et secundum multitudinem miserationum tuarum,
dele iniquitatem meam.
Amplius lava me ab iniquitate mea,
et a peccato meo munda me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognosco,
et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccavi,
et malum coram te feci ;
ut justificeris in sermonibus tuis,
et vincas cum judicaris.
Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum,
et in peccatis concepit me mater mea.
Ecce enim veritatem dilexisti ;
incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.
Asperges me hyssopo, et mundabor ;
lavabis me, et super nivem dealbabor.
Auditui meo dabis gaudium et laetitiam,
et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis,
et omnes iniquitates meas dele.
Cor mundum crea in me, Deus,
et spiritum rectum innova
in visceribus meis.
Ne projicias me a facie tua,
et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.
Redde mihi laetitiam salutaris tui,
et spiritu principali confirma me.
Docebo iniquos vias tuas,
et impii ad te convertentur.
Libera me de sanguinibus,
Deus, Deus salutis meae,
et exsultabit lingua mea justitiam tuam.
Domine, labia mea aperies,
et os meum annuntiabit laudem tuam.
Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem utique ;
holocaustis non delectaberis.
Sacrificium Deo
spiritus contribulatus ;
cor contritum et humiliatum,
Deus, non despicies.
Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion,
ut aedificentur muri Jerusalem.
Tunc acceptabis sacrificium justitiae,
oblationes et holocausta ;
tunc imponent super altare tuum vitulos.
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Pitié pour moi, mon Dieu,
dans ton amour,
selon ta grande miséricorde,
efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ;
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis
au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé,
Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas,
tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur,
relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices,
oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.
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Bernard Renaud (*1929), > Purification et recréation, Le « Miserere » (Ps 50/51)
Prêtre du diocèse d’Angers et professeur émérite de la faculté de théologie catholique de Strasbourg, Bernard Renaud a aussi enseigné à la faculté de théologie d’Angers et publié plusieurs livres dont trois sur le thème de l’alliance.