Vincent van Gogh. Ré­sur­rec­tion de Lazare

Fran­cis Pou­lenc (1899-1963), Tris­tis est ani­ma mea
Groupe Vo­cal de France, dir. John Alldis 

Vincent van Gogh (1853-1890)
Ré­sur­rec­tion de La­zare (d’après Rem­brandt), Saint-Ré­my (1890)
Mu­sée van Gogh, Amsterdam 

Jn 11
3 Marthe et Ma­rie, les deux sœurs de La­zare,
en­voyèrent dire à Jé­sus :
« Sei­gneur, ce­lui que tu aimes est ma­lade. »
4 En ap­pre­nant ce­la, Jé­sus dit :
« Cette ma­la­die ne conduit pas à la mort,
elle est pour la gloire de Dieu,
afin que par elle le Fils de Dieu soit glo­ri­fié. »
5 Jé­sus ai­mait Marthe et sa sœur, ain­si que La­zare.
6 Quand il ap­prit que ce­lui-ci était ma­lade,
il de­meu­ra deux jours en­core à l’endroit où il se trou­vait.
7 Puis, après ce­la, il dit aux dis­ciples :
« Re­ve­nons en Judée. »

17 À son ar­ri­vée,
Jé­sus trou­va La­zare au tom­beau de­puis quatre jours dé­jà.
20 Lorsque Marthe ap­prit l’arrivée de Jé­sus,
elle par­tit à sa ren­contre,
tan­dis que Ma­rie res­tait as­sise à la mai­son.
Marthe dit à Jé­sus :
21 « Sei­gneur, si tu avais été ici,
mon frère ne se­rait pas mort.
22 Mais main­te­nant en­core, je le sais,
tout ce que tu de­man­de­ras à Dieu, Dieu te l’accordera. »
23 Jé­sus lui dit :
« Ton frère res­sus­ci­te­ra. »
24 Marthe re­prit :
« Je sais qu’il res­sus­ci­te­ra à la ré­sur­rec­tion,
au der­nier jour. »
25 Jé­sus lui dit :
« Moi, je suis la ré­sur­rec­tion et la vie.
Ce­lui qui croit en moi,
même s’il meurt, vi­vra ;
26 qui­conque vit et croit en moi
ne mour­ra ja­mais.
Crois-tu ce­la ? »
27 Elle ré­pon­dit :
« Oui, Sei­gneur, je le crois :
tu es le Christ, le Fils de Dieu,
tu es ce­lui qui vient dans le monde. »
33 Jé­sus, en son es­prit, fut sai­si d’émotion, il fut bou­le­ver­sé,
34 et il de­man­da :
« Où l’avez-vous dé­po­sé ? »
Ils lui ré­pon­dirent :
« Sei­gneur, viens, et vois. »
35 Alors Jé­sus se mit à pleu­rer.
36 Les Juifs di­saient :
« Voyez comme il l’aimait ! »
37 Mais cer­tains d’entre eux dirent :
« Lui qui a ou­vert les yeux de l’aveugle,
ne pou­vait-il pas em­pê­cher La­zare de mou­rir ? »
38 Jé­sus, re­pris par l’émotion,
ar­ri­va au tom­beau.
C’était une grotte fer­mée par une pierre.
39 Jé­sus dit :
« En­le­vez la pierre. »
Marthe, la sœur du dé­funt, lui dit :
« Sei­gneur, il sent dé­jà ;
c’est le qua­trième jour qu’il est là. »
40 Alors Jé­sus dit à Marthe :
« Ne te l’ai-je pas dit ?
Si tu crois, tu ver­ras la gloire de Dieu. »
41 On en­le­va donc la pierre.
Alors Jé­sus le­va les yeux au ciel et dit :
« Père, je te rends grâce
parce que tu m’as exau­cé.
42 Je le sa­vais bien, moi, que tu m’exauces tou­jours ;
mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure,
afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as en­voyé. »
43 Après ce­la, il cria d’une voix forte :
« La­zare, viens de­hors ! »
44 Et le mort sor­tit,
les pieds et les mains liés par des ban­de­lettes,
le vi­sage en­ve­lop­pé d’un suaire.
Jé­sus leur dit :
« Dé­liez-le, et lais­sez-le al­ler. »
45 Beau­coup de Juifs, qui étaient ve­nus au­près de Ma­rie
et avaient donc vu ce que Jé­sus avait fait,
crurent en lui.

Vincent est de­puis tou­jours, pré­oc­cu­pé par la mort et la ré­sur­rec­tion. Re­co­piant l’œuvre de Rem­brandt, juste avant de quit­ter Saint Ré­my, il s’est re­pré­sen­té (c’est en fait son der­nier au­to­por­trait) sous les traits d’un La­zare res­sus­ci­té sem­blant faire des ef­forts pour se relever.

Il est en­tou­ré de deux femmes af­fo­lées, presque apeu­rées : « J’ai fait trois fi­gures qui sont dans le fond de l’eau forte du La­zare : le mort et ses deux sœurs. La grotte et le ca­davre sont vio­let jaune blanc. La femme qui ôte le mou­choir de la face du res­sus­ci­té a une robe verte et des che­veux oran­gers, l’autre a une che­ve­lure noire et un vê­te­ment rayé vert et rose. Der­rière une cam­pagne des col­lines bleues, un so­leil le­vant jaune. » 1

Est-ce lui, le « ca­davre » et le « res­sus­ci­té » ?
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1 Jé­sus, le Verbe : « So­leil le­vant qui vient nous vi­si­ter. » (Lc 1, 78)

Tris­tis est ani­ma mea usque ad mor­tem,
Sus­ti­nete hic et vi­gi­late me­cum.
Nunc vi­de­bi­tis tur­bam, quae cir­cum­da­bit me.
Vos fu­gam ca­pie­tis,
Et ego va­dam im­mo­la­ri pro vobis.

Ecce ap­pro­pin­quat ho­ra, et Fi­lius Ho­mi­nis
Tra­de­tur in ma­nus pec­ca­to­rum.
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Mon âme est triste jusqu’à la mort.
De­meu­rez ici et veillez avec moi.
Alors vous ver­rez la foule qui vien­dra me prendre,
vous pren­drez la fuite,
et je m’en irai me faire im­mo­ler pour vous.

Voi­ci, l’heure ap­proche, et le Fils de l’Homme
se­ra re­mis entre les mains des pécheurs.