Épic­tète. Le dé­sir aliène et rend malheureux

Épic­tète
Gra­vure, XVIIIe s. 

II - Pour être libre, re­fu­ser le mal et re­non­cer pro­vi­soi­re­ment aux désirs.

1. Sou­viens-toi de ce­ci : quand on dé­sire, on veut ob­te­nir l’ob­jet de son dé­sir et quand on re­fuse, on veut ne pas avoir ce que l’on re­fuse ; qui manque l’ob­jet de son dé­sir n’est pas heu­reux et qui ob­tient ce qu’il re­fuse est mal­heu­reux. Si donc tu re­fuses seule­ment ce qui mu­tile la na­ture hu­maine et dé­pend de toi, tu ne ris­que­ras pas d’a­voir ce que tu re­fuses ; mais si tu re­fuses la ma­la­die, la mort, la pau­vre­té, tu se­ras malheureux.

2. Cesse donc de re­fu­ser tout ce qui ne dé­pend pas de nous, re­fuse au contraire, par­mi les choses qui dé­pendent de nous, ce qui blesse la na­ture hu­maine. Quant aux dé­si­rs, pour le mo­ment, re­nonces-y to­ta­le­ment : car si tu dé­sires l’une des choses qui ne dé­pendent pas de nous, tu ne se­ras pas heu­reux, c’est in­évi­table ; et si tu dé­sires l’un de ces biens qui dé­pendent de nous et qu’il se­rait lé­gi­time de dé­si­rer, au­cun n’est en­core à ta por­tée. En tout cas, dans le dé­sir comme dans le re­fus, sois ré­ser­vé, re­te­nu, raisonnable.

Épic­tète (50-125), Ma­nuel II
Bio­gra­phie