G. W. F. He­gel. La pas­sion, chose bonne ?

Ja­kob Schle­sin­ger (1792-1855)
Por­trait de Georg Wil­helm Frie­drich He­gel (1831)
Alte Na­tio­nal­ga­le­rie, Berlin 

La pas­sion est te­nue pour une chose qui n’est pas bonne, qui est plus ou moins mau­vaise : l’­homme ne doit pas avoir des pas­sions. Mais pas­sion n’est pas tout à fait le mot qui convient pour ce que je veux dé­si­gner ici. Pour moi, l’ac­ti­vi­té hu­maine en gé­né­ral dé­rive d’in­té­rêts par­ti­cu­liers, de fins spé­ciales ou, si l’on veut, d’in­ten­tions égoïstes, en ce sens que l’­homme met toute l’­éner­gie de son vou­loir et de son ca­rac­tère au ser­vice de ses buts, en leur sa­cri­fiant tout ce qui pour­rait être un autre but, ou plu­tôt en leur sa­cri­fiant tout le reste. […]

Nous di­sons donc que rien ne s’est fait sans être sou­te­nu par l’in­té­rêt de ceux qui y ont col­la­bo­ré. Cet in­té­rêt, nous l’ap­pe­lons pas­sion lorsque, re­fou­lant tous les autres in­té­rêt ou buts, l’in­di­vi­dua­li­té en­tière se pro­jette sur un ob­jec­tif avec toutes les fibres in­té­rieures de son vou­loir et concentre dans ce but ses forces et tous ses be­soins. En ce sens, nous de­vons dire que rien de grand ne s’est ac­com­pli dans le monde sans pas­sion.

Georg Wil­helm Frie­drich He­gel (1770-1831), La Rai­son dans l’­His­toire
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