Em­ma­nuel Lé­vi­nas. La las­si­tude en amitié

Il existe une las­si­tude qui est las­si­tude de tout et de tous, mais sur­tout las­si­tude de soi. Ce qui lasse alors, ce n’est pas une forme par­ti­cu­lière de notre vie - notre mi­lieu, parce qu’il est ba­nal et morne, notre en­tou­rage, parce qu’il est vul­gaire et cruel - la las­si­tude vise l’exis­tence même. Au lieu de s’ou­blier dans la lé­gè­re­té es­sen­tielle du sou­rire, où l’exis­tence se fait in­no­cem­ment, où dans sa plé­ni­tude même elle flotte comme pri­vée de poids et où, gra­tuit et gra­cieux, son épa­nouis­se­ment est comme un éva­nouis­se­ment, l’exis­tence dans la las­si­tude est comme un rap­pel d’un en­ga­ge­ment à exis­ter, de tout le sé­rieux, de toute la du­re­té d’un contrat ir­ré­si­liable. Il faut faire quelque chose, il faut en­tre­prendre et aspirer.

Em­ma­nuel Lé­vi­nas (1906-1995), De l’exis­tence à l’existant

La re­la­tion in­ter­sub­jec­tive est une re­la­tion non-sy­mé­trique. En ce sens, je suis res­pon­sable d’au­trui sans at­tendre la ré­ci­proque, dût-il m’en coû­ter la vie. La ré­ci­proque, c’est son affaire.

Em­ma­nuel Lé­vi­nas (1906-1995), Éthique et in­fi­ni
Bio­gra­phie