So­crate. Les trois cribles : vé­ri­té, bon­té, nécessité

So­crate
Buste en marbre, Ier s.
co­pie d’un bronze per­du
Ly­sippe, sculp­teur (~-395 - ~-305)

Un homme aborde So­crate.
- II faut ab­so­lu­ment que je te ra­conte, dit-il, vi­si­ble­ment ex­ci­té, au­rais-tu ja­mais cru ce­la ? Tu sais, ton ami… - Ar­rête ! l’in­ter­rompt So­crate, as-tu pas­sé ce que tu dé­sires si ar­dem­ment me com­mu­ni­quer par les trois cribles ?
- Que veux-tu dire ? - Le pre­mier crible est ce­lui de la vé­ri­té ; ce que tu as à me dire, est-ce ab­so­lu­ment vrai ?
- Je le pense, re­prit l’autre, mais en­fin, je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, c’est un ca­ma­rade qui m’a confié sous le sceau du se­cret que… - Le deuxième crible, in­ter­rompt à nou­veau So­crate, est ce­lui de la bon­té ; ce que tu vas me dire, est-ce une chose bonne ? Parles-tu en bien de ton pro­chain ?
- Pas pré­ci­sé­ment, plu­tôt le contraire. - Le troi­sième crible en­fin est ce­lui de la né­ces­si­té ; est-il ab­so­lu­ment in­dis­pen­sable que je sache ce qui semble te mettre en un tel émoi ? - In­dis­pen­sable ? Non, pas tout à fait, mais en­fin, je pen­sais… - Eh bien, mon ami, si ce que tu as à me dire n’est ni in­dis­pen­sable, ni cha­ri­table, ni in­con­tes­ta­ble­ment vrai, pour­quoi le col­por­ter ? Ef­face-le de ta mé­moire et par­lons de choses plus sages. 

Apo­logue (-Ve s.)