Saint Jean Chry­so­stome. La sta­bi­li­té de l’Église

Pierres d’angle


Les vagues sont vio­lentes, la houle est ter­rible, mais nous ne crai­gnons pas d’être en­glou­tis par la mer, car nous sommes de­bout sur le roc.

Que la mer soit fu­rieuse, elle ne peut bri­ser ce roc. Que les flots se sou­lèvent, ils sont in­ca­pables d’engloutir la barque de Jé­sus. Que crain­drions-nous ? Dites-le moi. La mort ? « Pour moi, vivre, c’est le Christ, et mou­rir un avan­tage. » (Phi 1, 21) L’exil ? « La terre ap­par­tient au Sei­gneur, avec tout ce qu’elle contient. » (Ps 23, 1) La confis­ca­tion des biens ? « De même que nous n’avons rien ap­por­té dans ce monde, de même nous ne pour­rons rien em­por­ter. » (1Tim 6, 7) Les me­naces du monde, je les mé­prise. Ses fa­veurs, je m’en moque. Je ne crains pas la pau­vre­té. Je ne dé­sire pas la ri­chesse. Je ne crains pas la mort.

« Le ciel et la terre pas­se­ront, mais mes pa­roles ne pas­se­ront pas. » (Mt 24, 35) Quelles pa­roles ? « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâ­ti­rai mon Église et les portes de l’enfer ne pré­vau­dront pas contre elle. » (Mt 16, 18)

Si vous n’accordez pas foi au dis­cours, croyez les faits. Que de ty­rans ont vou­lu ren­ver­ser l’Église ? Que de tor­tures em­ployées pour ce­la : che­va­lets, four­naises, dents des bêtes, glaives acé­rés ! Et ce­la n’a pas abouti.

Saint Jean Chry­so­stome (354-402), Ho­mé­lie sur la place de l’Église dans le pro­jet de Dieu, PG 52, col. 427-430
> Bio­gra­phie


Bio­gra­phie
Jean est né à An­tioche sur l’Oronte, au mi­lieu du qua­trième siècle. Il s’apprêtait, après ses études, à suivre une car­rière de haut fonc­tion­naire im­pé­rial. Mais il est at­ti­ré par la vie éré­mi­tique. L’ascèse, les pri­va­tions af­fai­blissent sa san­té. Il re­tourne à An­tioche où il est or­don­né diacre en 381, puis prêtre en 386.
Brillant, Jean at­tire des foules nom­breuses. Son élo­quence lui vau­dra, après sa mort, le sur­nom de Chry­so­stome, ce qui veut dire « bouche d’or ». Il est or­don­né évêque de Constan­ti­nople, contre son gré, le 26 fé­vrier 398.
Jean se met alors à vou­loir ré­for­mer l’Église et la so­cié­té. Il sus­ci­te­ra l’hostilité de nom­breuses per­sonnes, en par­ti­cu­lier de Théo­phile d’Alexandrie et de l’impératrice Eu­doxie. Les ma­ni­gances de Théo­phile lui vau­dront d’être condam­né à l’exil au sy­node du Chêne (403). C’est à ce mo­ment-là qu’il pro­nonce le dis­cours qui suit. La mo­bi­li­sa­tion de la com­mu­nau­té chré­tienne lui vau­dra ce­pen­dant d’être rap­pe­lé d’exil dès le len­de­main. Ce ne se­ra pour­tant que par­tie re­mise. Jean mour­ra en exil le 14 sep­tembre 407.
L’ex­trait de l’homélie qui suit com­porte de très beaux pas­sages, no­tam­ment sur la place de l’Église dans le pro­jet de Dieu et sur la ma­nière dont Jean conce­vait sa charge de pas­teur de Constantinople.