
Pour le chrétien, le dimanche constitue la véritable mesure du temps, la mesure de sa vie. Il n’est pas fixé par une convention arbitraire, susceptible d’être échangée contre une autre. Il renferme en une synthèse unique la mémoire de l’histoire, le souvenir de la Création et la théologie de l’espérance. Avec la prière en direction de l’est, il constitue un élément fondamental du christianisme, à tel point qu’Ignace d’Antioche a pu dire : « Nous ne vivons plus selon le sabbat, nous sommes du Dimanche ». Ainsi, semaine après semaine, le dies dominici, le jour du Seigneur, célèbre la résurrection du Christ, sans pour autant rendre superflu le mémorial de la Passion de Jésus. En effet, il ressort clairement des évangiles, surtout celui de Jean, que Jésus marchait consciemment vers son heure. Cette heure de Jésus, qui peut offrir plusieurs niveaux d’interprétation, se réfère avant tout à un moment précis : la Pâque des juifs. Jésus ne décide pas de mourir à n’importe quel moment. Sa mort a un sens pour l’histoire, pour l’humanité, pour l’univers. Elle devait donc prendre place à une heure déterminée, afin que la Pâque célébrée par la religion de Moïse depuis l’Exode, passe d’un rite de substitution à la réalité du sacrifice du Christ.
Joseph Ratzinger (1927-2022), L’esprit de la liturgie
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