Jo­seph Rat­zin­ger. Di­men­sion cos­mique du dimanche

Pour le chré­tien, le di­manche consti­tue la vé­ri­table me­sure du temps, la me­sure de sa vie. Il n’est pas fixé par une conven­tion ar­bi­traire, sus­cep­tible d’être échan­gée contre une autre. Il ren­ferme en une syn­thèse unique la mé­moire de l’histoire, le sou­ve­nir de la Créa­tion et la théo­lo­gie de l’espérance. Avec la prière en di­rec­tion de l’est, il consti­tue un élé­ment fon­da­men­tal du chris­tia­nisme, à tel point qu’Ignace d’Antioche a pu dire : « Nous ne vi­vons plus se­lon le sab­bat, nous sommes du Di­manche ». Ain­si, se­maine après se­maine, le dies do­mi­ni­ci, le jour du Sei­gneur, cé­lèbre la ré­sur­rec­tion du Christ, sans pour au­tant rendre su­per­flu le mé­mo­rial de la Pas­sion de Jé­sus. En ef­fet, il res­sort clai­re­ment des évan­giles, sur­tout ce­lui de Jean, que Jé­sus mar­chait consciem­ment vers son heure. Cette heure de Jé­sus, qui peut of­frir plu­sieurs ni­veaux d’interprétation, se ré­fère avant tout à un mo­ment pré­cis : la Pâque des juifs. Jé­sus ne dé­cide pas de mou­rir à n’importe quel mo­ment. Sa mort a un sens pour l’histoire, pour l’humanité, pour l’univers. Elle de­vait donc prendre place à une heure dé­ter­mi­née, afin que la Pâque cé­lé­brée par la re­li­gion de Moïse de­puis l’Exode, passe d’un rite de sub­sti­tu­tion à la réa­li­té du sa­cri­fice du Christ.

Jo­seph Rat­zin­ger (1927-2022), L’esprit de la li­tur­gie
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