Sy­méon le Nou­veau Théo­lo­gien. Notre résurrection

Si vous le vou­lez bien, exa­mi­nons avec soin ce qu’est le mys­tère de la ré­sur­rec­tion du Christ notre Dieu, qui sans cesse, si nous le vou­lons, se re­pro­duit mys­ti­que­ment en nous. Voyons com­ment le Christ est en­se­ve­li en nous comme en un tom­beau, et com­ment il s’unit à nos âmes et res­sus­cite, en nous fai­sant res­sus­ci­ter aus­si avec lui.

La ré­sur­rec­tion du Christ est notre ré­sur­rec­tion, à nous qui gi­sons à terre. Car lui, qui n’est ja­mais tom­bé dans le pé­ché et n’a ab­so­lu­ment rien alié­né de sa propre gloire, com­ment pour­rait-il res­sus­ci­ter ou être glo­ri­fié ? De­puis tou­jours il est plus que glo­ri­fié : au-des­sus de toute puis­sance et do­mi­na­tion, il de­meure le même. Mais je le ré­pète, la ré­sur­rec­tion et la gloire du Christ, c’est notre gloire à nous ; par sa ré­sur­rec­tion en nous, c’est elle qui se pro­duit, se montre et se fait voir à nous. Il s’est ap­pro­prié une fois pour toutes ce qui nous ap­par­tient ; aus­si tout ce qu’il fait lui-même en nous, il se l’attribue à lui-même. Or, la ré­sur­rec­tion de l’âme, c’est être unie à la vie. De même en ef­fet qu’une fois mort, le corps ne peut re­vivre sans re­ce­voir en lui l’âme vi­vante, ain­si l’âme non plus, seule et par elle-même, ne peut vivre à moins d’être unie à Dieu, la vé­ri­table vie éter­nelle, de ma­nière inef­fable et sans confusion.

C’est donc en cha­cun de nous, les fi­dèles, que la ré­sur­rec­tion du Christ se re­pro­duit. Et ce­la non pas une fois, mais à chaque heure pour ain­si dire, le Maître en per­sonne, le Christ, res­sus­cite en nous, tout de blanc vê­tu et ful­gu­rant des éclairs de l’incorruptibilité et de la di­vi­ni­té. Car le lu­mi­neux avè­ne­ment de l’Esprit nous fait en­tre­voir, comme en son ma­tin, la ré­sur­rec­tion du Maître, ou plu­tôt nous fait la fa­veur de le voir lui-même, lui le Res­sus­ci­té. C’est pour­quoi nous di­sons : « Le Sei­gneur est Dieu, et il nous est ap­pa­ru », et par al­lu­sion à son se­cond avè­ne­ment, nous ajou­tons : « Bé­ni soit ce­lui qui vient au nom du Seigneur !»

Sy­méon le Nou­veau Théo­lo­gien (949-1022), Ca­té­chèse XIII
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