
Si vous le voulez bien, examinons avec soin ce qu’est le mystère de la résurrection du Christ notre Dieu, qui sans cesse, si nous le voulons, se reproduit mystiquement en nous. Voyons comment le Christ est enseveli en nous comme en un tombeau, et comment il s’unit à nos âmes et ressuscite, en nous faisant ressusciter aussi avec lui.
La résurrection du Christ est notre résurrection, à nous qui gisons à terre. Car lui, qui n’est jamais tombé dans le péché et n’a absolument rien aliéné de sa propre gloire, comment pourrait-il ressusciter ou être glorifié ? Depuis toujours il est plus que glorifié : au-dessus de toute puissance et domination, il demeure le même. Mais je le répète, la résurrection et la gloire du Christ, c’est notre gloire à nous ; par sa résurrection en nous, c’est elle qui se produit, se montre et se fait voir à nous. Il s’est approprié une fois pour toutes ce qui nous appartient ; aussi tout ce qu’il fait lui-même en nous, il se l’attribue à lui-même. Or, la résurrection de l’âme, c’est être unie à la vie. De même en effet qu’une fois mort, le corps ne peut revivre sans recevoir en lui l’âme vivante, ainsi l’âme non plus, seule et par elle-même, ne peut vivre à moins d’être unie à Dieu, la véritable vie éternelle, de manière ineffable et sans confusion.
C’est donc en chacun de nous, les fidèles, que la résurrection du Christ se reproduit. Et cela non pas une fois, mais à chaque heure pour ainsi dire, le Maître en personne, le Christ, ressuscite en nous, tout de blanc vêtu et fulgurant des éclairs de l’incorruptibilité et de la divinité. Car le lumineux avènement de l’Esprit nous fait entrevoir, comme en son matin, la résurrection du Maître, ou plutôt nous fait la faveur de le voir lui-même, lui le Ressuscité. C’est pourquoi nous disons : « Le Seigneur est Dieu, et il nous est apparu », et par allusion à son second avènement, nous ajoutons : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !»
Syméon le Nouveau Théologien (949-1022), Catéchèse XIII
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