▷ Louis Bro­quet, Ab­baye de Saint Mau­rice (VS)

Louis Bro­quet (1888-1954), en­tre­tien avec le cha­noine Ma­rius Pas­quier © RTS 1988

Louis Bro­quet
L’­homme et l’ar­tiste

> Mau­rice Zer­mat­ten, Les Échos de Saint-Mau­rice, 1955
Il était de ces na­tures ner­veuses qui sont le sel de la terre. C’est pour elles que se fait tout ce qui se fait de sub­til et de nou­veau par­mi nous. La barre à mine agit par sa pointe, et l’ai­guille et le clou. Il avait en lui quelque chose de pi­quant, d’ai­gu - on le ré­pète -, de lé­ger et d’insaisissable. 

On sen­tait que la foule ne pou­vait rien sur lui, si­non lui don­ner l’ab­so­lu be­soin de so­li­tude. La Bruyère de­vait avoir cette taille, cette fra­gi­li­té, cette conscience de té­moin, cette ar­deur conte­nue, âpre et se­crète. Clas­siques, mais dans des for­mules à eux. Il di­sait tou­jours moins qu’il n’au­rait dû dire et pa­rais­sait s’ex­cu­ser de dire trop. Il au­ra vé­cu dans l’el­lipse. Il fal­lait de­vi­ner ses intentions. 

1923

> Hen­ri Ja­ton, Les Échos de Saint-Mau­rice, 1955
Si la car­rière de cer­tains ar­tistes em­prunte le lan­gage de l’é­clat et de la pu­bli­ci­té, d’autres, au contraire, se com­plaisent dans une mo­des­tie qui ne dé­tient d’autre risque que de lais­ser dans l’ombre une œuvre dont la va­leur et la si­gni­fi­ca­tion jus­ti­fie­raient une plus vaste audience. 

C’est dans ce lot des ar­tistes-créa­teurs, amou­reux du re­cueille­ment et de la so­li­tude, que je re­trou­ve­rai la haute per­son­na­li­té du cha­noine Louis Bro­quet qui nous a quit­tés après une longue et dou­lou­reuse maladie. 

Ayant tôt re­vê­tu l’­ha­bit des cha­noines ré­gu­liers de Saint Au­gus­tin, Louis Bro­quet se vit confier une tâche pé­da­go­gique qui ne l’empêcha point de me­ner de front une ac­ti­vi­té de com­po­si­teur dont son maître, Au­guste Sé­rieyx, avait cer­tai­ne­ment dé­ter­mi­né l’acheminement.

> Paul Fleu­ry, Les Échos de Saint-Mau­rice, 1955
On sen­tait le cœur dé­faillir en en­ten­dant le glas, au ma­tin du 6 no­vembre, son­ner l’a­go­nie de ce­lui qui avait été le cha­noine Bro­quet. Se pou­vait-il que fût fau­chée cette exis­tence qui s’é­cou­la si mo­deste et pour­tant si rayonnante ?

Et l’on a en­fer­mé dans un cer­cueil et dans un ca­veau cet homme de va­leur, qui a fait tres­saillir tant d’âmes par son ta­lent mu­si­cal, ce prêtre qui prê­chait par sa gra­vi­té et sa mo­des­tie at­trayante, ce re­li­gieux qui, du­rant qua­rante-sept ans, a mis au ser­vice de Dieu tout ce que Dieu avait mis en lui. 

1952

> Georges Atha­na­sia­dès, Ca­ta­logue des œuvres mu­si­cales du cha­noine Louis Bro­quet (1888-1954) de l’Ab­baye de Saint-Mau­rice
Pour les élèves qui ont fré­quen­té le col­lège de St-Mau­rice entre 1912 et 1954, le cha­noine Louis Bro­quet reste l’i­nou­bliable pro­fes­seur de Rhé­to­rique et le maître de cha­pelle de l’é­glise abbatiale. 

Ils lui doivent des joies ar­tis­tiques et spi­ri­tuelles très hautes. Ils savent moins - et le pu­blic avec eux - que ce maître était aus­si un com­po­si­teur fé­cond. C’est pour­quoi il nous pa­raît op­por­tun de pu­blier un ca­ta­logue de ses œuvres.