▷ Pro­di­cos de Céos. Le Choix d’Hercule

Pro­di­cos de Ceos (Πρόδικος ὁ Κεῖος), maître de So­crate (~ -465 - ~ 395)
Cf. Xé­no­phon, Apo­logue du Choix d’Hercule (Mé­mo­rables, l. II, ch. 1)
Tra­duc­tion : Vic­tor Le Clerc (1789-1865), Re­né De­passe, © lit­te­ra­ture audio

Gi­ro­la­mo di Ben­ve­nu­to (1470 – 1524)
Le Choix d’­Her­cule
Gal­le­ria Fran­chet­ti, Venise

Her­cule à la croi­sée des che­mins entre Plai­sir et Vertu

A peine sor­ti de l’enfance, à cet âge où les jeunes gens, de­ve­nus maîtres d’eux-mêmes, font dé­jà voir s’ils sui­vront, pen­dant leur vie, le che­min de la ver­tu ou ce­lui du vice, Her­cule s’assit dans un lieu so­li­taire, ne sa­chant la­quelle choi­sir des deux routes qui s’offraient à lui.

Lu­kas Cra­nach l’An­cien (1472-1553)
Le choix d’­Her­cule entre vice et ver­tu (1537)
Her­zog An­ton Ul­rich Mu­seum, Braunschweig

Sou­dain il voit s’avancer deux femmes d’une taille ma­jes­tueuse. L’une, joi­gnant la no­blesse à la beau­té, n’avait d’ornements que ceux de la na­ture ; dans ses yeux ré­gnait la pu­deur ; dans tout son air la mo­des­tie ; elle était vê­tue de blanc. L’autre avait cet em­bon­point qui ac­com­pagne la mol­lesse, et, sur son vi­sage ap­prê­té, la cé­ruse et le fard al­té­raient les cou­leurs na­tu­relles ; la dé­marche al­tière et su­perbe, les re­gards ef­fron­tés ; pa­rée de ma­nière à lais­ser en­tre­voir tous ses charmes, elle se consi­dé­rait sans cesse elle-même, et ses yeux cher­chaient des ad­mi­ra­teurs ; que dis-je ? elle se plai­sait à re­gar­der son ombre. Lorsqu’elles furent toutes deux plus près d’Hercule, la pre­mière vint à lui sans hâ­ter le pas ; mais l’autre, vou­lant la pré­ve­nir ac­cou­rut vers lui.

An­ni­bale Car­rac­ci (1560-1609)
Le Choix d’­Her­cule (1596)
Mu­sée de Ca­po­di­monte, Naples 1

« Her­cule, lui dit-elle, je vois que tu ne sais quel che­min tu dois prendre. Si tu me fais ton amie, je te condui­rai par la route la plus douce et la plus fa­cile ; au­cun plai­sir ne te se­ra re­fu­sé ; au­cune peine n’affligera ta vie. D’abord tu n’auras à re­dou­ter ni la guerre, ni les vains sou­cis : ta seule oc­cu­pa­tion se­ra de trou­ver les bois­sons et les mets qui pour­ront te plaire, ce qui flat­te­ra le mieux, à ton avis, les yeux et les oreilles, l’odorat et le tou­cher ; les amours avec toute leur ivresse ; le som­meil avec toute sa dou­ceur ; et tu ne son­ge­ras qu’au moyen le plus court d’être heu­reux. Et, si tu crains de man­quer ja­mais des tré­sors qui achètent les Plai­sirs, ras­sure-toi, je t’en com­ble­rai, sans pres­crire ja­mais à ton corps ni à ton es­prit des tra­vaux pé­nibles : tu joui­ras des tra­vaux des autres ; tout, pour t’enrichir, te se­ra lé­gi­time je donne à ceux qui me suivent le droit de tout sa­cri­fier au bon­heur. — Et vous que je viens d’entendre, ré­pon­dit Her­cule, quel est votre nom ? — Mes amis, dit-elle, me nomment la Fé­li­ci­té ; mes en­ne­mis, mes ca­lom­nia­teurs, m’ont ap­pe­lée la Vo­lup­té. » 

Pom­peo Gi­ro­la­mo Ba­to­ni (1708-1787)
Le Choix d’­Her­cule (1753)
Gal­le­rie Sa­bau­da, Turin

Ce­pen­dant l’autre femme s’était avan­cée. Elle parle en ces mots : « Et moi aus­si, Her­cule, je pa­rais de­vant toi, c’est que je n’ignore pas de qui tu tiens le jour, c’est que ton édu­ca­tion m’a ré­vé­lé ton ca­rac­tère. J’espère donc, si tu choi­sis ma route que tu vas briller entre les grands hommes par tes ex­ploits et tes ver­tus, et don­ner ain­si un nou­vel éclat à mon nom, un nou­veau prix à mes bien­faits. Je ne t’abuserai pas en te pro­met­tant les plai­sirs ; j’ose t’apprendre avec fran­chise les dé­crets des dieux sur les hommes. Ce n’est qu’au prix des soins et des tra­vaux qu’ils ré­pandent le bon­heur et l’éclat sur votre vie. Si lu dé­sires que les dieux te soient pro­pices, rends hom­mage aux dieux ; si tu pré­tends être ché­ri de tes amis, que ton ami­tié soit gé­né­reuse ; si tu am­bi­tionnes les hon­neurs dans un état, sois utile aux ci­toyens ; s’il te pa­raît beau de voir tous les Grecs ap­plau­dir à ta ver­tu, cherche à ser­vir la Grèce en­tière ; veux-tu que la terre te pro­duise des fruits abon­dants ? tu dois la culti­ver ; que tes trou­peaux t’enrichissent ? Veille sur tes trou­peaux ; as­pires-tu à do­mi­ner par la guerre, à rendre tes amis libres et tes en­ne­mis es­claves ? ap­prends des guer­riers ha­biles l’art des com­bats et que l’expérience t’enseigne à le pra­ti­quer, veux-tu en­fin que ton corps de­vienne ro­buste et vi­gou­reux ? sou­viens-toi de t’accoutumer à l’empire de l’âme, et de l’exercer au mi­lieu des fa­tigues et des sueurs. » 

Sa ri­vale l’interrompit : « Ne vois-tu pas, Her­cule, les obs­tacles et la lon­gueur de cette route qui mène, dit-on, au bon­heur ? Moi je t’y condui­rai par un che­min court et fleuri. »

Jan van den Hoecke (~1611 – 1651)
Her­cule entre Vice et Ver­tu (1638)
Ga­le­rie des Of­fices, Florence

« Mal­heu­reuse, re­prends la Ver­tu, de quel bon­heur viens-tu par­ler ? Quels plai­sirs connais-tu, toi qui ne veux rien faire pour en mé­ri­ter, toi qui pré­viens tous les be­soins qu’il est doux de sa­tis­faire et jouis sans avoir dé­si­ré ; toi qui manges avant la faim, qui bois avant la soif ; qui, pour as­sai­son­ner les mets dé­li­cats, em­ploies les mains les plus sa­vantes ; qui pour boire avec plus de charme, amasses des vins somp­tueux et court çà et là cher­cher de la neige en été ; qui pour dor­mir plus dou­ce­ment, ima­gines de fins tis­sus, de riches ta­pis éten­dus sous des lits su­perbes ? Tu cherches le som­meil, non par be­soin du re­pos mais par oi­si­ve­té. Dans l’amour, tu pré­viens et tu ou­trages la na­ture ; et tes amis, ins­truits par tes le­çons, passent la nuit en plai­sirs cou­pables, et la plus utile par­tie du jour dans une lâche in­ac­tion. Quel homme vou­drait te croire quand tu lui parles, te se­cou­rir quand tu l’implores ? Quel homme sen­sé ose­rait se mê­ler à tes vils ado­ra­teurs ? Jeunes, ils traînent un corps lan­guis­sant ; plus âgés leur rai­son s’égare ; aux brillants plai­sirs d’une jeu­nesse oi­sive, suc­cèdent les en­nuis d’une la­bo­rieuse vieillesse ; hon­teux de ce qu’ils ont fait, ac­ca­blés de ce qu’ils font, ils ont cou­ru, dans leur pre­mier âge, de dé­lices en dé­lices, et ré­ser­vé tous les maux pour leur dé­clin. Moi, je suis la com­pagne des dieux, la com­pagne des mor­tels ir­ré­pro­chables ; sans moi, rien de su­blime par­mi les dieux ni sur la terre. Je re­çois les plus grands hon­neurs, et des puis­sances di­vines ; et de ceux d’entre ceux d’entre les hommes qui ont le droit de m’honorer.

Pao­lo de Mat­teis (1662 – 1728)
Le Choix d’­Her­cule
The Ash­mo­lean Mu­seum of Art And Ar­chaeo­lo­gy, Oxford

L’artisan n’a per­sonne qui le sou­lage plus que moi dans ses peines ; le chef de fa­mille n’a pas d’économe plus fi­dèle ; l’esclave, d’asile plus as­su­ré ; les tra­vaux pa­ci­fiques, d’encouragement plus ef­fi­cace ; les ex­ploits mi­li­taires, de meilleur ga­rant de triomphe ; l’amitié, de nœud plus sa­cré. Ceux qui me ché­rissent trouvent dans le boire et le man­ger un plai­sir qu’ils n’achètent pas ; ils at­tendent seule­ment que le be­soin leur ait com­man­dé. Le som­meil leur est plus agréable qu’aux riches in­do­lents ; mais ils se ré­veillent sans cha­grin, et ja­mais l’heure du re­pos n’a pris sur celle du de­voir. Jeunes, ils ont le plai­sir d’entendre les éloges des vieillards ; vieux, ils aiment à re­cueillir les res­pects de la jeu­nesse. C’est avec soin qu’ils se rap­pellent leurs ac­tions pas­sées ; ils font avec joie ce qui leur reste à faire ; et c’est moi qui leur conci­lie la fa­veur des Dieux, l’affection de leurs amis, les hom­mages de leurs conci­toyens. Quand le terme fa­tal ar­rive, l’oubli du tom­beau ne les en­se­ve­lit pas tout en­tiers, mais leur mé­moire, tou­jours flo­ris­sante, vit dans un long ave­nir. Imite leur grande âme, ô jeune hé­ros ! sois digne du sang gé­né­reux qui t’a fait naître je te pro­mets le bon­heur et la gloire. »

Texte grec

φησὶ γὰρ Ἡρακλέα, ἐπεὶ ἐκ παίδων εἰς ἥβην ὡρμᾶτο, ἐν ᾗ οἱ νέοι ἤδη αὐτοκράτορες γιγνόμενοι δηλοῦσιν εἴτε τὴν δι´ ἀρετῆς ὁδὸν τρέψονται ἐπὶ τὸν βίον εἴτε τὴν διὰ κακίας, ἐξελθόντα εἰς ἡσυχίαν καθῆσθαι ἀποροῦντα ποτέραν τῶν ὁδῶν τράπηται· καὶ φανῆναι αὐτῷ δύο γυναῖκας προσιέναι μεγάλας, τὴν μὲν ἑτέραν εὐπρεπῆ τε ἰδεῖν καὶ ἐλευθέριον φύσει, κεκοσμημένην τὸ μὲν σῶμα καθαρότητι, τὰ δὲ ὄμματα αἰδοῖ, τὸ δὲ σχῆμα σωφροσύνῃ, ἐσθῆτι δὲ λευκῇ, τὴν δ´ ἑτέραν τεθραμμένην μὲν εἰς πολυσαρκίαν τε καὶ ἁπαλότητα, κεκαλλωπισμένην δὲ τὸ μὲν χρῶμα ὥστε λευκοτέραν τε καὶ ἐρυθροτέραν τοῦ ὄντος δοκεῖν φαίνεσθαι, τὸ δὲ σχῆμα ὥστε δοκεῖν ὀρθοτέραν τῆς φύσεως εἶναι, τὰ δὲ ὄμματα ἔχειν ἀναπεπταμένα, ἐσθῆτα δὲ ἐξ ἧς ἂν μάλιστα ὥρα διαλάμποι· κατασκοπεῖσθαι δὲ θαμὰ ἑαυτήν, ἐπισκοπεῖν δὲ καὶ εἴ τις ἄλλος αὐτὴν θεᾶται, πολλάκις δὲ καὶ εἰς τὴν ἑαυτῆς σκιὰν ἀποβλέπειν. ὡς δ´ ἐγένοντο πλησιαίτερον τοῦ Ἡρακλέους, τὴν μὲν πρόσθεν ῥηθεῖσαν ἰέναι τὸν αὐτὸν τρόπον, τὴν δ´ ἑτέραν φθάσαι βουλομένην προσδραμεῖν τῷ Ἡρακλεῖ καὶ εἰπεῖν· Ὁρῶ σε, ὦ Ἡράκλεις, ἀποροῦντα ποίαν ὁδὸν ἐπὶ τὸν βίον τράπῃ. ἐὰν οὖν ἐμὲ φίλην ποιησάμενος, {ἐπὶ} τὴν ἡδίστην τε καὶ ῥᾴστην ὁδὸν ἄξω σε, καὶ τῶν μὲν τερπνῶν οὐδενὸς ἄγευστος ἔσει, τῶν δὲ χαλεπῶν ἄπειρος διαβιώσῃ. πρῶτον μὲν γὰρ οὐ πολέμων οὐδὲ πραγμάτων φροντιεῖς, ἀλλὰ σκοπούμενος †διέσῃ τί ἂν κεχαρισμένον ἢ σιτίον ἢ ποτὸν εὕροις, ἢ τί ἂν ἰδὼν ἢ ἀκούσας τερφθείης ἢ τίνων ὀσφραινόμενος ἢ ἁπτόμενος, τίσι δὲ παιδικοῖς ὁμιλῶν μάλιστ´ ἂν εὐφρανθείης, καὶ πῶς ἂν μαλακώτατα καθεύδοις, καὶ πῶς ἂν ἀπονώτατα τούτων πάντων τυγχάνοις. ἐὰν δέ ποτε γένηταί τις ὑποψία σπάνεως ἀφ´ ὧν ἔσται ταῦτα, οὐ φόβος μή σε ἀγάγω ἐπὶ τὸ πονοῦντα καὶ ταλαιπωροῦντα τῷ σώματι καὶ τῇ ψυχῇ ταῦτα πορίζεσθαι, ἀλλ´ οἷς ἂν οἱ ἄλλοι ἐργάζωνται, τούτοις σὺ χρήσῃ, οὐδενὸς ἀπεχόμενος ὅθεν ἂν δυνατὸν ᾖ τι κερδᾶναι. πανταχόθεν γὰρ ὠφελεῖσθαι τοῖς ἐμοὶ συνοῦσιν ἐξουσίαν ἐγὼ παρέχω. καὶ ὁ Ἡρακλῆς ἀκούσας ταῦτα, Ὦ γύναι, ἔφη, ὄνομα δέ σοι τί ἐστιν ; ἡ δέ, Οἱ μὲν ἐμοὶ φίλοι, ἔφη, καλοῦσί με Εὐδαιμονίαν, οἱ δὲ μισοῦντές με ὑποκοριζόμενοι ὀνομάζουσι Κακίαν. καὶ ἐν τούτῳ ἡ ἑτέρα γυνὴ προσελθοῦσα εἶπε· Καὶ ἐγὼ ἥκω πρὸς σέ, ὦ Ἡράκλεις, εἰδυῖα τοὺς γεννήσαντάς σε καὶ τὴν φύσιν τὴν σὴν ἐν τῇ παιδείᾳ καταμαθοῦσα, ἐξ ὧν ἐλπίζω, εἰ τὴν πρὸς ἐμὲ ὁδὸν τράποιο, σφόδρ´ ἄν σε τῶν καλῶν καὶ σεμνῶν ἀγαθὸν ἐργάτην γενέσθαι καὶ ἐμὲ ἔτι πολὺ ἐντιμοτέραν καὶ ἐπ´ ἀγαθοῖς διαπρεπεστέραν φανῆναι. οὐκ ἐξαπατήσω δέ σε προοιμίοις ἡδονῆς, ἀλλ´ ᾗπερ οἱ θεοὶ διέθεσαν τὰ ὄντα διηγήσομαι μετ´ ἀληθείας. τῶν γὰρ ὄντων ἀγαθῶν καὶ καλῶν οὐδὲν ἄνευ πόνου καὶ ἐπιμελείας θεοὶ διδόασιν ἀνθρώποις, ἀλλ´ εἴτε τοὺς θεοὺς ἵλεως εἶναί σοι βούλει, θεραπευτέον τοὺς θεούς, εἴτε ὑπὸ φίλων ἐθέλεις ἀγαπᾶσθαι, τοὺς φίλους εὐεργετητέον, εἴτε ὑπό τινος πόλεως ἐπιθυμεῖς τιμᾶσθαι, τὴν πόλιν ὠφελητέον, εἴτε ὑπὸ τῆς Ἑλλάδος πάσης ἀξιοῖς ἐπ´ ἀρετῇ θαυμάζεσθαι, τὴν Ἑλλάδα πειρατέον εὖ ποιεῖν, εἴτε γῆν βούλει σοι καρποὺς ἀφθόνους φέρειν, τὴν γῆν θεραπευτέον, εἴτε ἀπὸ βοσκημάτων οἴει δεῖν πλουτίζεσθαι, τῶν βοσκημάτων ἐπιμελητέον, εἴτε διὰ πολέμου ὁρμᾷς αὔξεσθαι καὶ βούλει δύνασθαι τούς τε φίλους ἐλευθεροῦν καὶ τοὺς ἐχθροὺς χειροῦσθαι, τὰς πολεμικὰς τέχνας αὐτάς τε παρὰ τῶν ἐπισταμένων μαθητέον καὶ ὅπως αὐταῖς δεῖ χρῆσθαι ἀσκητέον· εἰ δὲ καὶ τῷ σώματι βούλει δυνατὸς εἶναι, τῇ γνώμῃ ὑπηρετεῖν ἐθιστέον τὸ σῶμα καὶ γυμναστέον σὺν πόνοις καὶ ἱδρῶτι. καὶ ἡ Κακία ὑπολαβοῦσα εἶπεν, ὥς φησι Πρόδικος· Ἐννοεῖς, ὦ Ἡράκλεις, ὡς χαλεπὴν καὶ μακρὰν ὁδὸν ἐπὶ τὰς εὐφροσύνας ἡ γυνή σοι αὕτη διηγεῖται ; ἐγὼ δὲ ῥᾳδίαν καὶ βραχεῖαν ὁδὸν ἐπὶ τὴν εὐδαιμονίαν ἄξω σε. καὶ ἡ Ἀρετὴ εἶπεν· Ὦ τλῆμον, τί δὲ σὺ ἀγαθὸν ἔχεις ; ἢ τί ἡδὺ οἶσθα μηδὲν τούτων ἕνεκα πράττειν ἐθέλουσα ; ἥτις οὐδὲ τὴν τῶν ἡδέων ἐπιθυμίαν ἀναμένεις, ἀλλὰ πρὶν ἐπιθυμῆσαι πάντων ἐμπίμπλασαι, πρὶν μὲν πεινῆν ἐσθίουσα, πρὶν δὲ διψῆν πίνουσα, ἵνα μὲν ἡδέως φάγῃς, ὀψοποιοὺς μηχανωμένη, ἵνα δὲ ἡδέως πίῃς, οἴνους τε πολυτελεῖς παρασκευάζῃ καὶ τοῦ θέρους χιόνα περιθέουσα ζητεῖς, ἵνα δὲ καθυπνώσῃς ἡδέως, οὐ μόνον τὰς στρωμνὰς μαλακάς, ἀλλὰ καὶ {τὰς κλίνας καὶ} τὰ ὑπόβαθρα ταῖς κλίναις παρασκευάζῃ· οὐ γὰρ διὰ τὸ πονεῖν, ἀλλὰ διὰ τὸ μηδὲν ἔχειν ὅ τι ποιῇς ὕπνου ἐπιθυμεῖς· τὰ δ´ ἀφροδίσια πρὸ τοῦ δεῖσθαι ἀναγκάζεις, πάντα μηχανωμένη καὶ γυναιξὶ τοῖς ἀνδράσι χρωμένη· οὕτω γὰρ παιδεύεις τοὺς σεαυτῆς φίλους, τῆς μὲν νυκτὸς ὑβρίζουσα, τῆς δ´ ἡμέρας τὸ χρησιμώτατον κατακοιμίζουσα. ἀθάνατος δὲ οὖσα ἐκ θεῶν μὲν ἀπέρριψαι, ὑπὸ δὲ ἀνθρώπων ἀγαθῶν ἀτιμάζῃ· τοῦ δὲ πάντων ἡδίστου ἀκούσματος, ἐπαίνου σεαυτῆς, ἀνήκοος εἶ, καὶ τοῦ πάντων ἡδίστου θεάματος ἀθέατος· οὐδὲν γὰρ πώποτε σεαυτῆς ἔργον καλὸν τεθέασαι. τίς δ´ ἄν σοι λεγούσῃ τι πιστεύσειε ; τίς δ´ ἂν δεομένῃ τινὸς ἐπαρκέσειεν ; ἢ τίς ἂν εὖ φρονῶν τοῦ σοῦ θιάσου τολμήσειεν εἶναι ; οἳ νέοι μὲν ὄντες τοῖς σώμασιν ἀδύνατοί εἰσι, πρεσβύτεροι δὲ γενόμενοι ταῖς ψυχαῖς ἀνόητοι, ἀπόνως μὲν λιπαροὶ διὰ νεότητος τρεφόμενοι, ἐπιπόνως δὲ αὐχμηροὶ διὰ γήρως περῶντες, τοῖς μὲν πεπραγμένοις αἰσχυνόμενοι, τοῖς δὲ πραττομένοις βαρυνόμενοι, τὰ μὲν ἡδέα ἐν τῇ νεότητι διαδραμόντες, τὰ δὲ χαλεπὰ εἰς τὸ γῆρας ἀποθέμενοι. ἐγὼ δὲ σύνειμι μὲν θεοῖς, σύνειμι δὲ ἀνθρώποις τοῖς ἀγαθοῖς· ἔργον δὲ καλὸν οὔτε θεῖον οὔτ´ ἀνθρώπειον χωρὶς ἐμοῦ γίγνεται. τιμῶμαι δὲ μάλιστα πάντων καὶ παρὰ θεοῖς καὶ παρὰ ἀνθρώποις οἷς προσήκω, ἀγαπητὴ μὲν συνεργὸς τεχνίταις, πιστὴ δὲ φύλαξ οἴκων δεσπόταις, εὐμενὴς δὲ παραστάτις οἰκέταις, ἀγαθὴ δὲ συλλήπτρια τῶν ἐν εἰρήνῃ πόνων, βεβαία δὲ τῶν ἐν πολέμῳ σύμμαχος ἔργων, ἀρίστη δὲ φιλίας κοινωνός. ἔστι δὲ τοῖς μὲν ἐμοῖς φίλοις ἡδεῖα μὲν καὶ ἀπράγμων σίτων καὶ ποτῶν ἀπόλαυσις· ἀνέχονται γὰρ ἕως ἂν ἐπιθυμήσωσιν αὐτῶν· ὕπνος δ´ αὐτοῖς πάρεστιν ἡδίων ἢ τοῖς ἀμόχθοις, καὶ οὔτε ἀπολείποντες αὐτὸν ἄχθονται οὔτε διὰ τοῦτον μεθιᾶσι τὰ δέοντα πράττειν. καὶ οἱ μὲν νέοι τοῖς τῶν πρεσβυτέρων ἐπαίνοις χαίρουσιν, οἱ δὲ γεραίτεροι ταῖς τῶν νέων τιμαῖς ἀγάλλονται· καὶ ἡδέως μὲν τῶν παλαιῶν πράξεων μέμνηνται, εὖ δὲ τὰς παρούσας ἥδονται πράττοντες, δι´ ἐμὲ φίλοι μὲν θεοῖς ὄντες, ἀγαπητοὶ δὲ φίλοις, τίμιοι δὲ πατρίσιν· ὅταν δ´ ἔλθῃ τὸ πεπρωμένον τέλος, οὐ μετὰ λήθης ἄτιμοι κεῖνται, ἀλλὰ μετὰ μνήμης τὸν ἀεὶ χρόνον ὑμνούμενοι θάλλουσι. τοιαῦτά σοι, ὦ παῖ τοκέων ἀγαθῶν Ἡράκλεις, ἔξεστι διαπονησαμένῳ τὴν μακαριστοτάτην εὐδαιμονίαν κεκτῆσθαι.
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1 An­ni­bale Car­rac­ci (1560-1609), Le Choix d’­Her­cule (1596)
Des­crip­tion
Un vi­gou­reux Her­cule est re­pré­sen­té avec deux femmes l’ac­com­pa­gnant, qui re­pré­sentent les des­tins op­po­sés que la vie pour­rait lui ré­ser­ver : sur la gauche, la Ver­tu l’ap­pelle à suivre le plus dur che­min, ce­lui qui conduit à la gloire à tra­vers les dif­fi­cul­tés ; sur la droite, la se­conde femme l’in­cite aux plai­sirs de la vie, la voie la plus fa­cile, l’in­ci­tant au vice. Der­rière Her­cule on voit un pal­mier, qui, à tra­vers les feuilles et les branches (un sym­bole de la vic­toire mi­li­taire et de la gloire), est une al­lu­sion à la fu­ture vie hé­roïque d’­Her­cule. Au som­met du che­min le plus dif­fi­cile se trouve la ré­com­pense d’­Her­cule, Pégase.